Nigeria: la lutte pour la terre est devenue le principal défi sécuritaire

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Le 24/01/2018 à 15h44, mis à jour le 24/01/2018 à 17h23

Les affrontements sanglants entre agriculteurs et éleveurs sont devenus le premier défi sécuritaire du Nigeria, selon des analystes, après des décennies de passivité des pouvoirs publics, incapables de trouver une solution à une guerre pour les ressources qui attise les haines identitaires.

Le conflit est désormais plus meurtrier que l'insurrection du groupe jihadiste Boko Haram dans le nord-est: selon un rapport de l'International Crisis Group publié fin 2017, plus de 2.500 personnes ont été tuées dans les violences pastorales en 2016 .

"Si rien n'est fait urgemment, les choses vont empirer", prévenait fin novembre le cabinet SBM Intelligence, affirmant que son "pire scénario" était en train de se "matérialiser". Les premiers jours de janvier lui ont donné raison, avec au moins 80 personnes massacrées dans le seul Etat de Benue (centre).

Le conflit séculaire pour l'appropriation des terres entre éleveurs nomades et agriculteurs sédentaires s'est mué en une lutte âpre pour les ressources, provoquée par la sécheresse et la désertification dans le nord du Nigeria et plus largement au Sahel, qui obligent les pasteurs à migrer vers le Sud.

La rapide croissance démographique du pays, qui compte déjà 180 millions d'habitants et devrait devenir le troisième pays le plus peuplé au monde d'ici à 2050, selon l'ONU, aggrave la situation face à des pouvoirs publics inertes depuis des décennies.

"L'appareil sécuritaire nigérian a échoué lamentablement, créant un environnement qui encourage les éleveurs à utiliser la violence pour accéder à la propriété privée pour le pâturage pendant que les fermiers recourent à l'auto-défense pour protéger leurs terres", analyse SBM Intelligence.

Les tensions sont particulièrement vives dans le centre du Nigeria, vaste région fertile où les éleveurs et leurs troupeaux - le pays compte près de 135 millions de têtes de bétail - sont accusés de faire incursion dans les fermes et de saccager les cultures.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 24/01/2018 à 15h44, mis à jour le 24/01/2018 à 17h23