Le diplomate tchadien a dénoncé dimanche, lors d'un discours à l'ouverture du 30e sommet de l'Union africaine dans la capitale éthiopienne Addis Abeba, la "cruauté incompréhensible" et "la violence insensible" des belligérants dans ce conflit qui a fait des dizaines de milliers de morts et reste marqué par des atrocités à caractère ethnique.
"Le moment est venu d'imposer des sanctions à ceux qui font obstacle à la paix", a dès lors déclaré le président de la Commission de l'UA, sans pour autant donner d'exemples de possibles sanctions.
Un processus de "revitalisation" de l'accord de paix de 2015 avait mené à un énième cessez-le-feu entré en vigueur le 24 décembre. Mais il a depuis été violé à de nombreuses reprises.
Mercredi, les Etats-Unis avaient appelé aux Nations unies à l'imposition d'un embargo international sur les armes au Soudan du Sud, pays né en 2011 sous les auspices de Washington, estimant notamment que le gouvernement du président Salva Kiir "prouve de plus en plus qu'il est un partenaire inapte" à mener les efforts de paix pour la plus jeune nation du monde.
Samedi, l'ancien président du Botswana Festus Mogae, président de la Commission de surveillance et d'évaluation de l'accord de paix (JMEC) d'août 2015 au Soudan du Sud, avait appelé l'organisation régionale Igad, qui a notamment supervisé la signature du cessez-le-feu du 24 décembre, à établir des conséquences claires pour ceux qui ne respectent pas les efforts de paix.
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"Pour que le processus de revitalisation soit couronné de succès, il faut que tous les leaders sud-soudanais comprennent clairement les conséquences d'un non-respect", a déclaré M. Mogae lors d'une réunion avec l'Igad en marge du sommet de l'UA. "Il est maintenant temps de revoir l'éventail de mesures qui peuvent être prises (...) contre ceux qui refusent de prendre ce processus au sérieux".
La guerre civile a fait près de 4 millions de déplacés et provoqué une crise humanitaire catastrophique, et nombre d'observateurs considèrent que les dirigeants sud-soudanais sont responsables de la descente aux enfers de leur pays.
En 2016, un rapport du groupe d'investigation The Sentry, dont l'acteur américain George Clooney est le cofondateur, accusait l'élite politique et militaire sud-soudanaise, en premier lieu le président Kiir et son ancien vice-président devenu son ennemi à la tête de la rébellion, Riek Machar, de s'être enrichie durant la guerre civile.