Cameroun. Crise anglophone: John Fru Ndi veut rencontrer Paul Biya pour une sortie de conflit

L'opposant John Fru Ndi, président du SDF, et Paul Biya, Président du Cameroun.

L'opposant John Fru Ndi, président du SDF, et Paul Biya, Président du Cameroun. . DR

Le 28/02/2018 à 14h17

Dans une lettre adressée au chef de l’Etat, l’opposant historique John Fru Ndi lui demande de privilégier la voie du dialogue pour mettre un terme à la situation sécuritaire qui perdure dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Le président du Social Democratic Front (SDF), John Fru Ndi, opposant politique historique et éternel rival de Paul Biya, souhaite rencontrer le chef de l’Etat camerounais afin d’ouvrir «un sérieux dialogue» pour la résolution de la crise anglophone qui semble aujourd’hui avoir viré à la guérilla.

«La rapide détérioration de la situation dans les deux régions d’expression anglaise justifie qu’une fois encore, j’attire votre attention sur la nécessité d’une prompte action de dialogue au sujet de la crise anglophone», écrit-il dans une lettre adressée au président de la République. Selon l’opposant camerounais, la réponse militaire à cette crise n’a fait qu’empirer la situation et il devient urgent de changer de stratégie pour une sortie de conflit.

«Ceux à qui a été confiée la gestion de cette crise sont en train d’échouer lamentablement. Le fait que cette crise s’aggrave aurait dû vous faire comprendre que la ligne d’action choisie ne porte pas les fruits escomptés», recommande John Fru Ndi, qui dénonce «les atrocités» commises par l’armée et la police dans les régions anglophones.

Face à «la montée d’un discours haineux» qui «nous rapproche de plus en plus d’une guerre civile», le président du SDF pense que seul le dialogue peut mettre un terme à la situation actuelle. «Un dialogue franc n’est pas un signe de faiblesse, mais une opportunité à nous offerte pour recommencer et œuvrer ensemble vers un Cameroun véritablement uni», conseille l’opposant camerounais.

John Fru Ndi justifie sa démarche par «l’intérêt supérieur» du Cameroun, car la crise actuelle nécessite une intervention rapide «pour sauver notre pays des malheurs et de la destruction qui le guettent et qui nous menacent».

Et cette intervention ne peut-être unilatérale, dit-il. «Nous tous avons la responsabilité de préserver la paix et la justice pour cette nation, et cette tâche ne peut incomber à une seule personne, mais à nous tous», poursuit-il, non sans attirer l’attention du chef de l’Etat sur «l’inexactitude» des rapports de sécurité qui lui sont soumis.

Des rapports dressés en «pure mauvaise foi pour servir de camouflage à des agents plutôt occupés à amasser des fortunes pour eux-mêmes et pour justifier leur mauvaise appréciation de la situation et masquer leur incapacité grossière à gérer cette crise», affirme l’opposant camerounais.

Pour John Fru Ndi, il ne fait aucun doute que le président Paul Biya est «capable de clémence et de pardon». Il l’a prouvé en accordant son pardon aux instigateurs du coup d’Etat manqué du 6 avril 1984 et en nommant certains d’entre eux au gouvernement.

De même qu’il est en train de procéder à la réhabilitation et la réinsertion des gens connus comme membres de la secte terroriste Boko Haram. «Pouvons-nous pour une fois traiter équitablement tous les Camerounais comme un seul peuple en leur donnant à tous l’égalité des chances?», revendique l’opposant, qui demande la même indulgence pour les séparatistes arrêtés depuis le début de la crise anglophone.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 28/02/2018 à 14h17