Dès ce mardi 6 mars, Rex Tillerson, chef du département d’Etat américain, entame une tournée en Afrique qui durera jusqu'au mardi prochain et qui le mènera dans cinq pays du continent. L'objectif est de contrecarrer la Chine qui ne cesse de gagner du terrain par le biais de ses investissements et sa diplomatie de plus en plus offensive. Mais cette tournée, qui intervient trois mois après que le chef de l'exécutif américain a traité les Etats du continent de "pays de merde", a des allures de repentance de la diplomatie américaine.
Tillerson se rendra successivement au Tchad, Nigeria, Kenya, Djibouti et Ethiopie. Avec le Tchad, l'administration américaine est en froid, alors que ce pays sahélien, mais aussi d'Afrique centrale, est un grand allié dans la lutte contre le terrorisme. Non seulement, Idriss Déby Itno a été lâché par les pays occidentaux alors qu'il fait face à une grave crise budgétaire, mais aussi l'administration américaine n'a de cesse de le mettre en difficulté. Le Tchad figure en effet dans la liste du "travel ban", celle des pays interdits de visa d'entrée aux Etats-Unis. La justice américaine est même allée jusqu'à insinuer qu'Idriss Déby avait été corrompu par des sociétés chinoises pour écarter leurs concurrentes américaines.
Selon le communiqué officiel du département d'Etat, l'objectif de Tillerson est de "discuter avec les partenaires africains de la lutte contre le terrorisme". Or, sur ce chapitre précis, il est quasi impossible d'écarter Déby Itno et son armée.
Concernant l'Ethiopie, siège de l'Union africaine, Tillerson entend discuter avec Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l'UA, par ailleurs tchadien. Alors que l'étape djiboutienne est rendue obligatoire par la présence dans ce pays stratégique de la corne de l'Afrique, de la plus importante base militaire américaine en Afrique. 4500 hommes y sont stationnés en permanence.
Enfin, le Nigeria et le Kenya, par leur proximité historique avec les pays anglophones, sont incontournables pour les dirigeants et les hommes d'affaires américains.
Mais là où Tillerson est vraiment attendu, c'est surtout dans la volonté américaine de réduire l'influence de la Chine. Certes, la puissance asiatique est énormément intéressée par les matières premières africaines, mais elle offre en contrepartie d'importants investissements dans les infrastructures. Des responsables américains sous couvert de l'anonymat sont allés jusqu'à dénoncer, dans les colonnes du Washington Times, des prêts qui augmentent l'endettement de certains pays.
"L’administration américaine voit d’un mauvais œil la politique économique de la Chine en Afrique, qui repose sur l’extraction massive de ressources naturelles africaines en échange d’un accès facile à des prêts et à des aides financières... Les prêts chinois à faible taux d'intérêt faussent la dynamique économique dans plusieurs pays africains en augmentant inutilement les stocks de dette de ces pays", ont-ils dit.