La commission parlementaire en charge des Mines et de l'énergie, réunie jeudi, a "fixé au 9 mai la date" où Mugabe "devra venir témoigner", a déclaré Temba Mliswa, président de la commission cité vendredi par le journal gouvernemental Herald.
L'ancien président devra "s'expliquer sur la disparition de diamants d'une valeur de 15 milliards de dollars", a-t-il ajouté.
Une situation totalement inconcevable il y a encore quelques mois pour Mugabe, qui a régné sans partage sur le Zimbabwe depuis l'indépendance du pays en 1980 jusqu'à l'an dernier.
Il a été contraint de lâcher les rênes du pouvoir le 21 novembre, sous la pression de l'armée, de la rue et de son parti, la Zanu-PF, toujours au pouvoir. Il a été remplacé par son ancien vice-président, Emmerson Mnangagwa, avec qui il s'était brouillé quelques semaines plus tôt.
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En tant qu'ex-président, Robert Mugabe jouit d'une retraite dorée. Il vit dans une luxueuse résidence à Harare, bénéficie d'un confortable salaire, d'une flotte de voitures de luxe et de personnel de maison et de sécurité.
Mais l'ancien président et son successeur, qui a hérité d'un pays financièrement et économiquement exsangue, entretiennent des relations de plus en plus distantes.
C'est dans ce contexte que les députés ont décidé d'interroger M. Mugabe sur des propos tenus en 2016, dans lesquels il regrettait que son pays ait perdu 15 milliards de dollars de revenus diamantifères à cause de la corruption et de l'évasion des capitaux pratiquée par les compagnies minières étrangères.
L'opposition s'est réjouie vendredi de la convocation de l'ancien despote, aujourd'hui âgé de 94 ans. "C'est le rôle du Parlement. Il joue son rôle de supervision", a réagi auprès de l'AFP une porte-parole du Mouvement pour le changement démocratique (MDC), Thabitha Khumalo.
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"Nous espérons qu'ils rendront publiques leurs conclusions", a-t-elle ajouté.
Faire éclater la vérité
Il n'était pas clair dans l'immédiat si Mugabe allait ou non accepter de témoigner devant le Parlement.
"Il pourrait décider de ne pas se présenter", a prévenu un analyste politique à Harare, Earnest Mudzengi, qui a toutefois salué la "détermination" de la commission parlementaire dans ce dossier.
"Parviendront-ils à faire éclater la vérité? C'est une autre histoire (...) mais le Parlement joue son rôle", a-t-il ajouté.
La commission des Mines et de l'énergie a déjà sommé plusieurs anciens ministres, chefs de la police et hauts responsables de l'administration de venir témoigner.
Dans un rapport publié l'an dernier, l'ONG Global Witness avait accusé les dirigeants du Zimbabwe d'avoir détourné pendant des années les profits tirés de l'exploitation du diamant pour financer la répression de leurs adversaires politiques.
Selon Global Witness, les services secrets zimbabwéens (Organisation centrale de renseignement, CIO) ont ainsi détenu discrètement une partie du capital d'une entreprise qui extrait des diamants dans la mine de Marange (est).
Le Zimbabwe n'a jamais publié de statistiques jugées crédibles de ses activités diamantifères, qui ont débuté en 2006.
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Tout puissant pendant des décennies, le couple Mugabe se retrouve désormais sur la sellette.
La police devrait prochainement interroger l'ancienne Première dame Grace Mugabe dans une affaire d'exportations illégales d'ivoire de contrebande qui lui auraient rapporté des millions de dollars, selon la presse gouvernementale.
Les autorités anticorruption du Zimbabwe enquêtent aussi sur les conditions dans lesquelles elle a obtenu un doctorat en 2014. Le vice-chancelier de l'université du Zimbabwe a été arrêté en février dans le cadre de ce dossier.
Très discret dans les mois qui ont suivi sa chute, Mugabe était sorti du silence mi-mars pour dénoncer le "coup d'Etat" d'Emmerson Mnangagwa. Il avait accusé son successeur d'avoir "trahi toute la nation". Ce à quoi le nouveau président avait sèchement riposté : "La nation a tourné la page" Mugabe.