Cameroun: la fête nationale émaillée d’incidents en zone anglophone

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Le 22/05/2018 à 15h18

Plusieurs morts et blessés ont été enregistrés en marge des célébrations, dans une atmosphère tendue. A Yaoundé, la capitale, un détachement de l’armée nigériane a défilé aux côtés des forces de défense camerounaises. Résumé des événements.

La célébration de la fête nationale n’a pas été de tout repos dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest le 20 mai dernier. Baptisée «Fête de l’unité», la date commémore le référendum mettant fin au système fédéral et la création de la République unie du Cameroun. Ce, dans un contexte où des mouvements sécessionnistes revendiquent notamment l’indépendance de la partie anglophone du pays.

Malgré le renforcement des mesures sécuritaires, des accrochages ont eu lieu entre sécessionnistes et forces de l’ordre. Des attaques ont été signalées aux postes de l’armée à Ekona, Nkongle, Konye, Andek (Nord-Ouest), au poste de péage de Banga Bakundu et à la brigade de gendarmerie de Tinto. Le bilan des affrontements n’est pas clairement établi. Cependant, la presse locale évoque trois morts et plusieurs blessés parmi les forces de sécurité.

Ce que l’armée n’a pas encore confirmé. Par ailleurs, le maire de la localité de Bangem (Sud-Ouest) et ses adjoints ont été kidnappés, alors qu’ils distribuaient des gadgets pour la célébration de la fête nationale. Dans une vidéo, l’élu indique que les sécessionnistes lui reprochent de collaborer avec l’administration pour cette célébration, tout en demandant d’interdire aux populations de participer au défilé prévu pour la circonstance.

Dans le reste du pays, la célébration a été plus calme. A Yaoundé, la capitale, un détachement de la Guard Brigade de l’armée nigériane a défilé aux côtés des forces de défense camerounaises, lors de la traditionnelle parade militaire et civile devant le chef de l’Etat Paul Biya. Cette unité d’élite de l’armée nigériane est chargée de la protection du président de la République fédérale, des résidences présidentielles et de hautes personnalités étrangères, ainsi que de l’animation des grandes cérémonies officielles au Nigeria.

Selon les analystes, cette invitation marque en quelque sorte l’unité entre les armées des deux pays, qui collaborent notamment sur le plan militaire dans le cadre de la lutte contre la secte terroriste Boko Haram. Une collaboration qui s’est avérée nécessaire, au plus fort des exactions de cette secte dans les deux pays, alors que Boko Haram a voulu faire de la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, une base arrière, une zone de repli et un vivier de recrutement. Depuis, les deux armées ont mené des opérations conjointes qui ont contribué à considérablement affaiblir Boko Haram, dont les activités ont substantiellement baissé. Ce, même si l’organisation terroriste n’est pas encore anéantie.

A ce titre, les deux armées sont présentes au sein de la Force multinationale mixte mise en place. Par ailleurs, les présidents Paul Biya et Muhammadu Buhari, chefs des armées du Cameroun et du Nigeria, se sont rencontrés à plusieurs reprises ces derniers temps. Muhammadu Buhari a effectué une visite de travail au Cameroun en juillet 2015. En 2016, Paul Biya a à son tour, effectué deux visites officielles au Nigeria. D’abord du 3 au 4 mai, dans le cadre d’une visite d'Etat, puis du 14 au 15 mai, pour le sommet régional sur la sécurité au Nigeria et dans les pays voisins.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 22/05/2018 à 15h18