Après les déclarations à la presse de l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, Peter Barlerin, faisant état d’«assassinats ciblés» de l’armée camerounaise dans le conflit anglophone et sa suggestion au président Paul Biya de ne pas se représenter à l’élection présidentielle de 2018, le gouvernement camerounais n’a pas tardé à réagir.
En effet, le diplomate américain a été convoqué par le ministre camerounais des Relations extérieures ce mardi 22 mai 2018 à Yaoundé, la capitale. Et le contenu de l’audience a été rendu public le lendemain, à travers un communiqué de presse lu sur les antennes de la radio nationale.
«Le ministre des Relations extérieures a fait part de la vive désapprobation du gouvernement camerounais après cette démarche qui viole tous les usages diplomatiques en la matière, ainsi que les règles de civilité, tant dans la forme que dans le fond», indique notamment le document.
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Le communiqué précise par ailleurs que les moments d’échanges entre un chef d’Etat et un ambassadeur doivent être empreints du plus haut degré de confidentialité et de réserve. «Il a été reproché à l’ambassadeur Barlerin ses allégations totalement infondées sur le comportement des forces de défense et de sécurité du Cameroun qui, malgré un harcèlement quasi quotidien et de fortes pertes humaines et matérielles, ont constamment gardé à l’esprit, avec professionnalisme et rigueur, les règles d’engagement et du droit international humanitaire, dans un souci de préserver la vie, la liberté des citoyens et leurs biens, ainsi que la paix, la stabilité et l’intégrité territoriale du Cameroun».
En outre, «l’ambassadeur Barlerin a été invité à respecter le peuple camerounais, notamment sa liberté souveraine dans le choix de ses dirigeants, au premier rang desquels, celui chargé de diriger l’Etat. Il lui a été rappelé que Paul Biya ne se maintient pas au pouvoir par la force, ayant été régulièrement élu aux différents scrutins présidentiels contre de nombreux et valeureux candidats».
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Le gouvernement camerounais ajoute que les citoyens effectueront le choix de leur prochain président en toute liberté et ne se laisseront pas imposer un candidat de l’extérieur. Tout comme le peuple camerounais n’acceptera pas l’immixtion des puissances étrangères dans ses affaires intérieures.
De son côté, l’ambassadeur des Etats-Unis a plaidé le fait que ses propos avaient été mal interprétés par la presse et a tenu à réfuter l’idée selon laquelle «il est venu changer le leadership au Cameroun».
Pour mémoire, après son audience avec le président de la République, Paul Biya, vendredi 18 mai dernier, le diplomate américain avait indiqué à la presse, au sujet du conflit anglophone: «il y a eu des assassinats ciblés, des détentions sans accès à un soutien juridique, à la famille ou à la Croix-Rouge, et des incendies et des pillages de villages» du côté du gouvernement.
Au sujet des prochaines élections présidentielles, Peter Barlerin a «suggéré au président qu'il devrait penser à son héritage et à la façon dont il veut être retenu par les livres d'histoire qui seront lus par les générations à venir, et a proposé que George Washington et Nelson Mandela soient d'excellents modèles».