Quatre acteurs principaux de la crise se sont engagés mardi à Paris à travailler ensemble pour que des élections législatives et présidentielle se tiennent le 10 décembre.
Fayez al-Sarraj
Chef du gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale et issu de l'accord de l'accord interlibyen signé fin 2015 au Maroc (Skhirat) sous l'égide de l'ONU.
Cet exécutif est entré en fonction en mars 2016 sans obtenir jusqu'ici la confiance du Parlement basé dans l'est du pays qui lui est toujours hostile.
Il est appuyé dans la capitale par trois importantes milices tripolitaines en charge également de la sécurité à Tripoli et ses banlieues.
Le GNA ne fait toujours pas l'unanimité dans le pays, même si plusieurs villes de l'ouest ont proclamé leur allégeance.
Khaled al-Mechri
Président du Conseil d'Etat --l'équivalent d'une chambre haute--, qui siège dans la capitale Tripoli. Cette instance consultative issue également de l'accord de Skhirat est formée en grande partie d'ex-membres du Congrès général national (CGN, ex-Parlement) issu des élections de 2012, hostiles au maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est.
Mechri qui participe à la réunion de Paris, a été élu début avril à la tête du Conseil en remplacement d'Abderrahman al-Swehli, un influent homme politique de la ville de Misrata.
Le nouveau président du conseil est un membre du parti Justice et Construction (PJC) des Frères musulmans libyens.
Khalifa Haftar
Homme fort de la Cyrénaïque, la partie orientale du pays, et chef de l’Armée nationale libyenne (ANL, autoproclamée).
Il est accusé par ses détracteurs de vouloir instaurer une nouvelle dictature militaire en Libye et d'être soutenu par des forces étrangères: l'Egypte, les Emirats arabes unis et la France.
L'ANL contrôle la grande région de l’est libyen, du Croissant pétrolier à la frontière égyptienne, à l’exception de Derna, contrôlée par une milice jihadiste pro Al-Qaïda. L'ANL est aussi présente dans le sud, notamment à Koufra et aux alentours de Sebha.
Elle est formée d'anciens officiers de l'armée libyenne, de miliciens, de combattants sans formation militaire issus des tribus alliées mais aussi de salafistes non jihadistes.
Le 7 mai, le maréchal Haftar a lancé une offensive pour "libérer" Derna.
Aguila Salah
Il est le président du Parlement élu en 2014, une assemblée qui a rapidement été contrainte de s'exiler à Tobrouk, dans l'est libyen, après qu'une coalition de milice (Fajr Libya) s'est emparée de la capitale Tripoli.
A l'ouest, le parlement sortant, le CGN, avait contesté plusieurs irrégularités dans la prise de fonction de la nouvelle assemblée et refusé de céder la place.
Le maréchal Haftar dit tirer sa légitimité de ce parlement exilé.
A sa tête, Aguila Salah, un ancien juge, compte notamment sur le soutien de sa tribu, al-Obeidat, une des plus puissantes de l'est libyen.
Autres acteurs
Des analystes et observateurs estiment que plusieurs autres acteurs importants de la crise ont été exclus ou sous-représentés lors de la réunion de Paris.
- Misrata:
Cette ville, qui a boycotté la réunion, compte les hommes politiques les plus influents et les milices les puissantes de l'ouest libyen.
Les milices de cette ville située à mi-chemin entre Tripoli et Syrte sont hostiles au maréchal Haftar mais sont divisées entre pro et anti-GNA.
Des Misratis se trouvent à Tripoli et sont également présents à Syrte et ses environs, qu'ils ont libérés du groupe Etat islamique (EI) fin 2017.
- Zenten:
Invités à la réunion de Paris, selon l'Elysée, les Zentanis avaient été chassés de Tripoli en 2014. Ils se sont repliés dans leur ville, au sud-ouest de Tripoli. Ils sont hostiles aux courants islamistes et plusieurs d'entre eux affichent clairement leur soutien au maréchal Haftar. Les milices de Zenten contrôlent des champs pétroliers de l'ouest du pays.
- Les Brigades de Défense de Benghazi (BDB):
Elles sont notamment constituées de milices de Misrata et de combattants islamistes chassés de Benghazi (est) par les forces du maréchal Khalifa Haftar.
- Les Amazighs:
Venus notamment des villes de Jado, Nalout et Zouara, ils contrôlent notamment les deux points de passage à la frontière tunisienne (Ras Jedir et Dhehiba). Ils contestent régulièrement leur marginalisation par les autorités de transition.
- Les Touaregs:
Ils contrôlent notamment les frontières avec le sud de l’Algérie et la partie occidentale du Niger.
- Les Toubous:
Ils sont présents à Sebha et dans la zone frontalière avec le Niger, le Tchad et une partie du Soudan.