Guinée-Bissau: des élections législatives et une fin de la crise politique en vue?

Le président bissau-guinéen Jose Mario Vaz.

Le président bissau-guinéen Jose Mario Vaz.

Le 25/06/2018 à 16h08, mis à jour le 25/06/2018 à 16h09

La Guinée-Bissau prévoit des élections législatives pour novembre 2018. Un espoir de résolution de la crise politique que traverse le pays depuis maintenant deux ans. Toutefois, on est encore loin du compte côté financement.

Fixée par les accords de Lomé d’avril 2018, la tenue d'es élections législatives de novembre 2018 constitue un des rares points de consensus entre les différentes forces politiques bissau-guinéennes.

Samedi dernier, le Parlement a voté à l’unanimité le budget de l’Etat, étape cruciale en vue des élections. D’un montant de 212 milliards de francs CFA, il a été proposé par le Premier ministre récemment élu, Aristides Gomez.

L’objectif des élections législatives n’est autre que la recherche d’une issue favorable à la crise presque permanente que connaît le pays. Un membre du Parti de la rénovation sociale (PRS), première opposition au parti au pouvoir, a d’ailleurs déclaré que «c’est suite à une profonde analyse en ayant à l’esprit l’accord de Conakry que mon parti a voté ce budget».

Le plan de sortie de crise peut se résumer en deux étapes majeures. La première correspond à l’accord de Conakry adopté fin 2016. Décliné en dix points signés par les parties prenantes (Union africaine, CEDEAO, Guinée-Conakry, etc.), celui-ci prévoyait notamment «la formation d’un gouvernement inclusif», suite à un dialogue consensuel entre les partis politiques représentés proportionnellement à l’Assemblée.

Cependant, son application s’est avérée entravée par des tensions internes au Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC). Celui-ci reprochait notamment au président Vaz la nomination d’un Premier ministre (Umaro Sissoco Embaló) sans consultation préalable des instances décisionnelles du parti. Depuis, l’instabilité chronique a mené à la destitution de Embaló et à la succession de deux autres personnalités à son poste.

La seconde étape correspond à l’accord de Lomé. Réunis en avril 2018 au sein de la capitale togolaise, les chefs d’Etat et gouvernement de la CEDEAO avaient clairement exprimé leur volonté de mettre fin à la crise politique. Parmi les mesures phares de cette réunion figuraient l’organisation d’élections législatives en novembre 2018 et la nomination d’Aristides Gomes au poste de Premier ministre.

Cependant, le rendez-vous du 18 novembre prochain nécessite 4,938 milliards de francs CFA, soit l’équivalent de 7,5 milliards d’euros. En revanche, il est à noter que le budget du pays repose depuis sur l’aide internationale à hauteur de 95%.

Aristides Gomes s’est rendu à Bruxelles mardi 5 juin dernier afin de demander un soutien financier aux institutions de l’Union européenne (UE), après avoir parcouru six pays d’Afrique occidentale dans le même objectif. Mais à quelques mois de l’échéance tant attendue, seule une faible part des fonds nécessaires (13%) ont été obtenus…

Quant à la crise, elle semble être devenue un élément du paysage politique bissau-guinéen.

Par Ali Choukroun
Le 25/06/2018 à 16h08, mis à jour le 25/06/2018 à 16h09