Gambie: Yahya Jammeh refait surface et promet de revenir

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Le 18/07/2018 à 14h56, mis à jour le 18/07/2018 à 14h59

Yahya Jammeh refait parler de lui à travers un enregistrement sonore dans lequel on l'entend dialoguer avec un de ses partisans. Il y donne des ordres qui ont été immédiatement appliqués. Ce qui montre que le président déchu est toujours influent au sein de son parti.

Dans une bande-son diffusée dans les réseaux sociaux, le président déchu de la Gambie, Yahya Jammeh promet à ses partisans de revenir pour reprendre le pouvoir, "quand le moment sera venu". Il s'agit d'une discussion qui se déroule visiblement par téléphone et qui a fuité il y a trois jours, durant le week-end du 14 juillet. 

On y entend, l'ex-chef de l'Etat gambien, depuis son exil de Guinée équatoriale, faire de nombreuses promesses aux membres de l'Alliance patriotique pour la réorientation et la construction (APRC). Le ton qu'il emploie laisse penser que l'ex-résident de la State House de Banjul garde un certain ascendant sur ses partisans. 

Le grésillement en bruit de fond n'empêche pas les Gambiens de reconnaître cette voix si caractéristique qui pendant 22 ans a rythmé leur quotidien. 

La conversation diffusée, notamment sur YouTube, dure 8mn24 et se déroule principalement en anglais, mais les deux interlocuteurs ont aussi recours au djola, au mandingue et au ouolof. On retient surtout que Jammeh demande expressément l'exclusion d'un certain Bou Jarju du parti, ce qui fut fait dans le courant du mois de juin. Les partisans de Jammeh ont reconnu s'être entretenus avec lui dans cette période. 

Jammeh se garde en revanche d'émettre des critiques sur la gestion actuelle du pays par son successeur, Adama Barrow. Il ne parle pas non plus de la présence de la force de la CEDEAO qui a tendance à s'éterniser en territoire gambien, alors qu'elle n'était censée n'y rester que six mois. Enfin, Yahya Jammeh et son interlocuteur ne parlent pas des menaces de poursuites que soulèvent les associations de défense des droits de l'Homme et les victimes directes de sa répression. Car faut-il le rappeler, un accord avait été signé avec les négociateurs au moment de son départ, afin de lui assurer certaines garanties. Mais, à l'époque déjà, le président de la Commission de la CEDEAO, en l'occurrence Marcel Alain de Souza, avait précisé qu'aucune immunité ne pouvait être offerte au président déchu. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 18/07/2018 à 14h56, mis à jour le 18/07/2018 à 14h59