Zimbabwe. Présidentielle: le verdict de la Cour constitutionnelle ce vendredi

Emmerson Mnangagwa, vice-président du Zimbabwe.

Emmerson Mnangagwa, vice-président du Zimbabwe.. DR

Le 24/08/2018 à 09h15, mis à jour le 24/08/2018 à 09h18

La Cour constitutionnelle du Zimbabwe rend vendredi un verdict très attendu sur la requête en annulation de l'élection du président sortant Emmerson Mnangagwa déposée par l'opposition, qui accuse le gouvernement de fraudes et de manipulations.

La plus haute instance judiciaire du pays peut exiger un recomptage des voix ou ordonner un nouveau scrutin. Mais, selon la plupart des observateurs, ses neuf "sages" devraient plutôt valider les résultats du premier scrutin organisé depuis la chute de Robert Mugabe il y a huit mois.

Leur arrêt est attendu à partir de 14h00 (12H00 GMT). Installé à la tête du pays en novembre par l'armée et le parti au pouvoir, M. Mnangagwa a officiellement emporté le scrutin du 30 juillet avec 50,8% des suffrages.

Son rival du Mouvement pour un changement démocratique (MDC) Nelson Chamisa a été crédité de 44,3% des voix. Lors d'une audience devant la Cour constitutionnelle retransmise toute la journée en direct par la télévision nationale - une grande première dans le pays -, les avocats du MDC ont longuement contesté ces résultats.

"Nous avons là une tentative massive de dissimulation, nous sommes confrontés à une tentative de manipulation grossière", a résumé l'un d'eux, Thabani Mpofu. "Une nouvelle élection est inévitable. Ce scrutin doit être annulé". Les défenseurs d'Emmerson Mnangagwa ont balayé ces accusations d'un revers de manche et dénoncé des "mensonges" et le dossier "vide de preuves" des plaignants.

"Sans fondement"

"Cette requête en annulation n'a pas de fondement sérieux", a argumenté l'avocat Lewis Uriri. Depuis son arrivée aux commandes du Zimbabwe en novembre, M. Mnangagwa, un ancien proche de Robert Mugabe, a promis de tourner le dos à son régime autoritaire et corrompu et de relancer l'économie d'un pays au bord de la faillite.

De fait, la campagne électorale est apparue plus ouverte que lors des scrutins précédents, systématiquement entachés de violences et d'intimidations du pouvoir contre ses adversaires. Mais la sanglante répression par l'armée d'une manifestation de l'opposition dans les rues de Harare deux jours après le scrutin, qui s'est soldée par six morts, a ravivé le spectre du passé.

Les observateurs internationaux ont pour la plupart accordé leur onction au déroulement du scrutin. Seuls ceux de l'Union européenne (UE) ont relevé une "inégalité des chances" entre le sortant et ses rivaux, notamment en matière d'accès aux médias audiovisuels publics. Les experts jugent très faibles les chances de succès de la requête déposée par l'opposition devant la Cour.

"Leur verdict est éminemment prévisible, il n'y a absolument aucune chance pour qu'ils invalident les résultats de l'élection", a pronostiqué à l'AFP Derek Matyszak, expert juridique à l'université du Zimbabwe, "la justice est considérée comme partisane".

La requête du MDC a provoqué le report de la cérémonie d'investiture du président Mnangagwa, prévue le 12 août. Si la Cour confirme sa victoire, elle doit se tenir d'ici dimanche.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 24/08/2018 à 09h15, mis à jour le 24/08/2018 à 09h18