"Les forces en présence, du côté du pouvoir, ne sont pas les mêmes qu'en 2015", date de la dernière élection présidentielle, a confié l'ancien vice-président à une poignée de journalistes internationaux tard dans la soirée lundi.
L'ex président Goodluck Jonathan, qui avait reconnu sa défaite dès l'annonce des résulats, "était un homme pacifique et patriotique", selon M. Abubakar, qui a rejoint l'opposition du Parti populaire démocratique (PDP) en décembre dernier. "Désormais nous avons à faire à un ancien général, intransigeant et ivre de pouvoir", a ajouté le candidat de 71 ans, qui a construit une immense fortune notamment dans les transports d'import/export. "Je crains qu'il ne soit pas près à quitter le pouvoir sans se battre", a-t-il ajouté.
En 2015, Muhammadu Buhari avait remporté le scrutin face au président sortant Jonathan, marquant la première alternance pacifique de l'histoire du Nigeria. A l'époque, M. Abubakar, qui avait rejoint le parti de M. Buhari, le Congrès des progressistes (APC), avait salué sa victoire.
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L'ancien général Buhari qui avait dirigé une première fois le Nigeria dans les années 1980 pendant les dictatures militaires, était ainsi devenu, avec le président Jonathan, le symbole de l'ère démocratique après une série d'élections marquées par de graves violences. Le président Buhari, qui a reçu la Première ministre britannique Theresa May la semaine dernière à Abuja, lui a assuré que les prochaines élections seraient "libres, crédibles et pacifiques".
Toutefois, la situation sécuritaire dans ce géant de 180 millions d'habitants s'est fortement dégradée depuis les deux dernières années.
Le Nigeria doit faire face à de nombreux conflits, dont l'insurrection jihadiste de Boko Haram ou le conflit entre agriculteurs et éleveurs qui a fait plus de 1.500 morts depuis le début de l'année.
Sans dire comment il envisageait de mettre fin au conflit contre Boko Haram qui a décimé le nord-est du Nigeria, notamment dans sa région d'origine de l'Etat d'Adamawa, le candidat Abubakar a déclaré qu'il "devait y avoir quelque chose de louche" dans l'échec enregistré dans la lutte contre cette insurrection depuis 2009.
Venir à bout de Boko Haram était l'une des promesses de M. Buhari, qui est parvenu à affaiblir le groupe lors de ses premières années au pouvoir, mais qui doit désormais faire face à une recrudescence des attaques, notamment contre l'armée.