Au lendemain de la sortie médiatique de Maurice Kamto, candidat du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) qui s'est autoproclamé vainqueur du scrutin présidentiel du 7 octobre dernier dès le lendemain de l'élection, la classe politique camerounaise a fait chorus pour marquer sa désapprobation.
«Il faut que les Camerounais sachent qu'il y a une loi. Même si elle est mauvaise, elle doit être respectée. C'est ce que nous sommes en train de faire et nous espérons que l'agitation n'ira pas jusqu'à la perte en vies humaines. Je demande à tous nos sympathisants, militants et tous ceux qui ont voté pour nous de rester calmes. Il est évident en ce qui nous concerne que la légalité et la légitimité de ce scrutin devront être respectées à la lettre. Pour l'instant, tout ce débordement d'activités autour des résultats ne favorise pas la sérénité», a déclaré Joshua Osih, candidat du Social Democratic Front (SDF) à l'élection présidentielle dont le scrutin a eu lieu dimanche dernier.
Lire aussi : Cameroun: Maurice Kamto revendique la victoire à la présidentielle
Garga Haman Adji, candidat de l'Alliance pour la démocratie et le développement (ADD) abonde dans le même sens. «Il y a des gens qui sont tellement pressés de devenir président de la République, qui constatent qu'ils ne peuvent peut-être pas le devenir, alors ils prennent les devants en s'autoproclamant président de la République. Si c'était aussi facile, il y aurait autant de présidents que de Camerounais. Il faut être plus sérieux. Quand on se permet d'oser devenir candidat à la présidence, c'est qu'on est présumé être sérieux. C'est la troisième fois que j'y vais et je reste toujours dans la légalité la plus complète. Il ne s'agit pas de montrer les gros bras ou l'intelligence artificielle à travers les réseaux sociaux. Notre pays a besoin de tranquillité. Nous devons être légaux et prêcher par l'exemple et non par des bagarres de rue», a-t-il réagi.
Lire aussi : Cameroun: présidentielle: Kamto et Muna forment une coalition
Règles du jeu
Un avis globalement partagé par le Pr Nkou Mvondo, président du parti UNIVERS qui a investi le candidat Cabral Libii au scrutin. «Le scrutin qui s'est déroulé le 7 octobre 2018 n'est qu'une étape dans le processus électoral qui est bien encadré par la loi. On attend la fin du match pour se proclamer vainqueur. Nos activités politiques ne doivent pas nous faire oublier ce que nous sommes dans la vie. Je suis professeur de droit comme le professeur Maurice Kamto. Je pense que nous sommes d'abord des éducateurs. Notre responsabilité dans ce pays est de montrer l'exemple. Même s'il s'agit de contester l'élection, il faut d'abord laisser le processus se dérouler normalement jusqu'à son terme. Nous avons des choses à dire au sujet de ce processus électoral, mais nous empruntons les voies légales», déclare-t-il.
De son côté, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) lance un appel au calme à la population, dans une attente fébrile des résultats.
«Que le peuple camerounais attende sereinement la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel. De tels comportements relèvent de l'immaturité et de la fébrilité politique qui traduisent un mépris des règles du jeu démocratique et des institutions que ces auteurs ambitionnaient de défendre en se portant candidat à l'élection présidentiel», affirme Jean Nkuete, secrétaire général du RDPC, après la déclaration qu'il a qualifiée de «sans fondements» de Maurice Kamto.
Lors d'un point de presse hier, lundi 8 octobre 2018, le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, a indiqué que le gouvernement a pris des mesures pour assurer la paix et la sérénité des Camerounais.
«Tous les candidats, avant de s'engager dans cette compétition, connaissent parfaitement les règles du jeu. Le candidat Kamto s'est volontairement mis en marge des institutions», a déclaré le porte-parole du gouvernement.
Selon la loi électorale camerounaise, la publication des tendances après les élections est interdite et seul le Conseil constitutionnel est habilité à proclamer les résultats. Cette proclamation intervient dans un délai maximum de 15 jours après le scrutin, soit, au plus tard, le 22 octobre 2018.