L'ancienne juge a bénéficié de la volonté du Premier ministre réformateur Abiy Ahmed de promouvoir des femmes à des postes à responsabilité. Elle est la plus haute dirigeante de l'opposition nommée par Abiy depuis sa prise de fonctions en avril.
En tant que présidente de la Commission électorale, Mme Birtukan sera chargée de garantir que les élections générales de 2020 soient, comme l'a promis le chef du gouvernement, "libres", "justes" et "démocratiques".
"La nomination de Birtukan entre dans le cadre de la promesse d'améliorer le processus électoral et montre notre détermination à créer et renforcer une Commission électorale impartiale en vue des élections nationales de 2020", a déclaré Abiy devant le Parlement, qui l'a entérinée jeudi. Lors des élections de mai 2015, le Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF), la coalition qui dirige l'Éthiopie depuis 1991, avait raflé l'ensemble des 547 sièges de la chambre basse du Parlement.
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Mme Birtukan s'était fait connaître lors des élections de 2005, dont le résultat avait été contesté, ce qui avait déclenché des manifestations violemment réprimées par l'armée (environ 200 morts). Accusée d'avoir appelé à l'insurrection, elle avait été emprisonnée jusqu'en juillet 2007, puis à nouveau entre décembre 2008 et octobre 2010. Elle s'était exilée peu après aux États-Unis.
Elle était rentrée d'exil au début novembre, convaincue par les réformes de Abiy. Celui-ci a libéré des milliers de prisonniers, dont certains opposants de premier plan, fait la paix avec l'Érythrée et des groupes armés d'opposition, et commencé à desserrer l'emprise de l'armée sur le pays. "Mon nouveau travail, d'un certain point de vue, est assez proche de celui de juge", a déclaré Mme Birtukan après sa nomination, expliquant qu'il s'agirait pour elle de régler des désaccords et de faire appliquer la loi.
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"J'ai une immense responsabilité devant moi. Je pense pouvoir assumer cette responsabilité avec compétence et faire des changements qui bénéficient à tous, tout en aidant à bâtir un système démocratique et qui rende des comptes", a-t-elle ajouté.
Ces dernières semaines, sous l'impulsion de Abiy, une femme a été nommée à la présidence du pays (un poste plutôt honorifique), une autre à la tête de la Cour suprême et le Premier ministre a institué la parité dans son gouvernement.