Candidat à sa propre succession, Paul Biya, président sortant du Cameroun et candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir), a été réélu lors du scrutin présidentiel du 7 octobre 2018. Le président a été réélu pour un septième mandat, de sept nouvelles années à la tête du pays, avec un taux de 71,28%, soit 2.521.934 voix sur les 3.590.681 de suffrages exprimés.
Maurice Kamto est sans doute le grand gagnant de ce scrutin, mais aussi son grand perdant. Il a en effet su s’imposer comme le désormais numéro un de l'opposition après que John Fru Ndi a décidé de prendre sa retraite. Cependant, ses partisans sont quelque peu déçus de ne l'avoir vu engranger que 14,23%, alors qu'ils s'attendaient à une nette victoire.
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Maurice Kamto devance ainsi Cabral Libii (Univers -6,28%), Joshua Osih (SDF -3,35%) et Adamou Ndam Njoya (UDC -1,73%).
Evidemment, l'opposition n'a pas manqué de signaler le faible taux de participation, qui n'a pas dépassé les 54% de l’électorat sur l'ensemble du territoire, avec des taux historiquement bas en zone anglophone. En effet, avec 15,94% dans le Sud-Ouest et 5,36% de participation dans le Nord-Ouest, on peut dire que ces deux régions du pays n'ont pratiquement pas pris part à ces élections.
La réélection de Paul Biya n'a cependant pas été une surprise. Et ce scrutin a d’abord été caractérisé par l'émergence de nouvelles figures politiques incarnant l'opposition dans le pays, à l'image de Maurice Kamto et Cabral Libii.
Si la marche était trop haute cette fois-ci pour ces deux challengers, il faudra donc sans doute compter avec eux pour les prochaines échéances électorales, notamment les élections municipales et les législatives en 2019.
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A l'inverse, le scrutin présidentiel a entériné un net recul du Social Democratic Front (SDF), jusqu'ici principale formation politique du pays. Le parti, pour cette élection du 7 octobre 2018, avait choisi de présenter Joshua Osih en lieu et place de John Fru Ndi, pourtant président, figure emblématique et candidat du parti lors des précédents scrutins présidentiels.
Recours et irrégularités
Le scrutin a été validé par le Conseil constitutionnel, malgré les recours et les «irrégularités» dénoncées par les candidats de l'opposition. Du reste, Maurice Kamto s'est déclaré unilatéralement vainqueur dès le lendemain du scrutin, sans attendre la proclamation des résultats. Cette initiative a localement provoqué un tollé et fait craindre des lendemains d'élection compliqués pour le pays. Mais il n'en fût finalement rien, même si le candidat du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MARC) continue malgré tout de clamer une victoire qui lui aurait été usurpée lors de ce scrutin.
Et lors de sa prestation de serment le 6 novembre dernier à l'Assemblée nationale, Paul Biya a fermement demandé aux sécessionnistes de déposer les armes. De façon générale, Paul Biya, dès sa réélection, a placé son nouveau septennat à la tête du pays sous le sceau de la consolidation des acquis et de l'exploration de nouvelles pistes pour le pays, entre autres par l'assainissement des finances avec la poursuite des réformes structurelles afin de renforcer notamment l'équilibre budgétaire et de conforter la soutenabilité de la dette.
Egalement au programme de ce nouveau mandat, le développement des secteurs de l'économie pour réduire les importations de biens et services et rééquilibrer la balance commerciale, la «révolution agricole» par la modernisation des moyens de production et la transformation locale, le développement des infrastructures, la mise en place d’une stratégie d’industrialisation et le développement du potentiel énergétique du pays pour «faire du Cameroun un grand producteur d’électricité [sur le] continent».