RDC. Présidentielle: des dysfonctionnements liés aux retards et bugs des machines à voter

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Le 30/12/2018 à 16h57, mis à jour le 30/12/2018 à 17h04

Le patron de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) a éprouvé en personne la colère des électeurs face aux retards dans les bureaux de vote et aux dysfonctionnements multiples de la "machine à voter" qui perturbent dimanche les élections générales en République démocratique du Congo.

Plusieurs heures après le début officiel du vote à 06h00 (05h00 GMT), Corneille Nangaa a fait le déplacement dans un bastion de l'opposition à Kinshasa où les opérations de vote étaient toujours impossibles faute de matériel électoral installé en quantité suffisante.

Dans cette scène symblisant toutes les tensions post-électorales en germe, Nangaa a apporté les listes électorales qui manquaient, hué par des centaines d'électeurs électeurs qui demandaient sa démission et le départ du président Joseph Kabila.

Des électeurs ont également crié leur colère contre la "machine à voter", la procédure de vote défendue par Nangaa becs et ongles.

"Il n'y a pas de machines et les quelques machines qui sont là, elles ont des problèmes, elles ne marchent pas, et nous n'avons pas de matériel électoral", a déclaré Pesible, un électeur qui se revendique de la "société civile".

Cet objet vedette d'une journée électorale hors norme se présente sous la forme d'un écran tactile avec une fente dans laquelle l'électeur introduit son bulletin de vote cartonné.

Derrière l'isoloir, l'électeur clique ensuite sur le nom, la photo et le numéro de ses candidats avant d'imprimer le bulletin de vote et de le glisser dans l'urne.

"Voici deux heures que ces machines plantent à tout moment, je ne sais pas quand je vais voter", peste une électrice, Diane Mumba, 30 ans, dans un bureau du centre de vote Imara à Lubumbashi.

Les personnes âgée se plaignent également de ne pas savoir utiliser cette nouvelle technologie: "Je n'ai jamais vu une machine. Je ne connais pas par cœur le numéro de mon candidat. Je suis vieille pour identifier sa photo. Que la Céni me vienne en aide", demande "maman" Madeleine Cheusi, 80 ans, rencontrée par une équipe de l'AFP sur le site de vote des Cliniques vétérinaires.

A Lubumbashi toujours, une candidate à la députation nationale, Marie Laurence Sangatile, menace de "porter plainte contre la Céni pour avoir mis une photo d'un autre candidat sur mon numéro 289 connus par mes électeurs".

Des machines sont tombés en panne à Kisangani dans le centre de vote de l'EP Bnagwandi dans la commune de Mangobo, a constaté un correspondant de l'AFP.

Les opérations de vote avec la "MAV" prennent plusieurs minutes, ont constaté journalistes et observateurs.

Autres problèmes: des électeurs ont eu du mal à trouver leur nom sur la liste électorale.

"Comment mon nom, Kadima, n'est pas sur la liste électorale alors que je me suis fait enregistré ici", s'est interrogée un électeur à Kinshasa dans le centre de vote Bonsomi du quartier populaire de Ndjili.

'Des lieux prohibés'

Ces tensions constatées sur le terrain sont confirmées par un premier rapport dans la matinée de la puissante conférence épiscopale (Cenco) qui affirme avoir déployé 40.000 observateurs pour 70 à 80.000 bureaux de vote.

"2.853 bureaux de vote étaient ouverts à 06H00. Cependant 830 n'étaient pas encore ouverts pour les raisons suivantes: aménagement tardif, procédures d'ouverture trop longues, dysfonctionnement de la machine à voter...", ont détaillé les évêques sur la base d'une première évaluation partielle portant sur 4857 rapports.

Au total "846 bureaux de vote sont installés dans des lieux prohibés", détaille la Cenco, qui cite des "camps militaires, des débits de boisson, des habitations privées...".

"918 rapports attestent que l'ouverture des bureaux de vote a connu des incidents qui seront détaillés dans le prochain communiqué à 14H00", a promis la Cenco.

La Cenco s'est engagée à accompagner tout le processus électoral, au point de susciter cette plaisanterie du président Kabila: "Vous ne devriez pas publier les résultats. C'est à la Céni" (de le faire), a-t-il glissé au secrétaire général de la Cenco l'Abbé Nsholé qu'il a croisé en allant voter.

L'autre réseau d'observateurs congolais en temps réel Symocel a aussi constaté les problèmes suivants: extinction des machines à voter faute de batterie, absence de listes électorales, ou listes mouillées par la pluie...

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 30/12/2018 à 16h57, mis à jour le 30/12/2018 à 17h04