Egypte: ce que Macron est allé vendre à Al Sissi lors de sa visite

DR

Le 28/01/2019 à 10h25, mis à jour le 28/01/2019 à 10h31

Le président français Emmanuel Macron rencontre aujourd'hui lundi son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi qui, en tant que président de l'Union africaine, aura besoin du soutien de la France. Macron en profitera aussi pour vendre deux ou trois choses à son ami.

Après avoir consacré son premier jour à la visite du temple d'Abou Simbel, c'est ce lundi que le chef de l'Etat français doit rencontré son homologue égyptien. 

Il sera accueilli au Caire au palais présidentiel par Abdelfattah Al Sissi pour un entretien en tête-à-tête et la signature d'une trentaine d'accords et de contrats commerciaux, pour "quelques centaines de millions d'euros", selon la présidence française.

Ces signatures, placées sous le signe de la diversification de l'offre commerciale française vis-à-vis de l'Egypte, concerneront les domaines des transports, des énergies renouvelables, de la santé ou de l'agroalimentaire. M. Macron est d'ailleurs accompagné en Egypte d'une cinquantaine de patrons français.

Ce déplacement de trois jours est l'un des rares à l'étranger qu'effectue en ce début d'année le président Macron, qui se concentre depuis plus de deux mois sur la crise sociale des "gilets jaunes".

M. Macron avait reçu le président égyptien à Paris en octobre 2017, malgré les critiques des ONG qui dénoncent régulièrement l'implacable répression exercée, selon elles, par le pouvoir égyptien contre toute forme d'opposition.

Mais le président français avait alors refusé de "donner des leçons" à son homologue sur la question des droits de l'Homme, provoquant l'indignation des associations.

Or, dimanche soir dans un entretien avec la presse française au Caire, le président Macron a affirmé qu'il allait parler "plus ouvertement" de cette question sensible au cours de sa visite.

Selon le président français, "les choses se sont empirées depuis octobre 2017". En conséquence, il a promis de s'exprimer "de manière plus tranchée, y compris ouvertement (...) parce que je pense que c'est l'intérêt du président Sissi et de la stabilité égyptienne".

Il a également assuré qu'il allait "avoir un dialogue confidentiel" avec M. Sissi sur "des cas individuels" d'opposants ou de personnalités emprisonnés.

- Partenaire clé -

Yves Prigent, d'Amnesty International France avait déclaré peu avant le voyage du président: "Nous attendons des messages forts et des changements en termes de pratique".

Arrivé dimanche en Egypte, M. Macron a entamé sa visite par une étape au temple d'Abou Simbel, l'un des sites archéologiques emblématiques du pays.

La visite, au cours de laquelle le président ne s'est pas exprimé, visait à mettre en lumière la coopération culturelle avec l'Egypte, particulièrement dynamique dans le domaine de l'archéologie, avec notamment 32 chantiers de fouilles sous la houlette de l'Institut français d'archéologie orientale (IFAO).

Au delà d'une tradition française d'égyptologie qui remonte à Champollion, la France espère aujourd'hui se voir confier de nouvelles missions de fouilles ou de mise en valeur des sites antiques, comme celui de Saqqarah, au sud du Caire.

Elle cherche aussi à participer au futur Grand Musée égyptien de Guizeh et à la rénovation du célèbre musée égyptien implanté dans le centre du Caire depuis le XIXe siècle.

Outre l'économie et la culture, la sécurité et la stabilité en Egypte et au Moyen-Orient constitueront le troisième enjeu de la visite de M. Macron.

Selon l'Elysée, l'Egypte, un pays de près de 100 millions d'habitants, est un partenaire clé de la France dans la lutte contre le terrorisme.

Cet aspect sera évoqué entre les deux chefs d'Etat à la lumière de présidence tournante de l'Union africaine, que l'Egypte assumera à partir de février.

Parallèlement, dans le domaine des ventes d'armes, la France a obtenu quelque six milliards d'euros de contrats depuis 2015. Mais le secteur fait également l'objet de critiques de la part des ONG dénonçant une utilisation de matériels de sécurité visant à traquer les opposants.

Parmi les contrats emblématiques figure celui des avions de combat Rafale dont 24 exemplaires ont été livrés à l'Egypte. Des négociations sont en cours pour l'acquisition de 12 autres, mais aucun contrat ne doit être annoncé durant ce voyage.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 28/01/2019 à 10h25, mis à jour le 28/01/2019 à 10h31