Nigeria. Présidentielle: Buhari demande à l'armée d'être "sans pitié" envers les fraudeurs

DR

Le 18/02/2019 à 14h35, mis à jour le 18/02/2019 à 14h37

Le président nigérian Muhammadu Buhari a appelé lundi l'armée a être "sans pitié" envers ceux qui voudraient tricher lors du scrutin de samedi, reporté in extremis d'une semaine, indiquant qu'ils le "feraient au péril de leur vie".

"J'ai déjà ordonné à la police et à l'armée d'être sans pitié. Nous n'allons pas être tenus pour responsables (...) pour ceux qui décident de voler des urnes, ou utilisent des criminels pour perturber le scrutin" a déclaré le chef de l'Etat, en lice pour un second mandat, lors d'une réunion de son parti retransmise à la télévision nationale.

"Ça sera probablement le dernier acte criminel qu'il (le fraudeur) commettra", a martelé l'ancien général, qui avait déjà dirigé le Nigeria en 1983 pendant les dictatures militaires.

La commission électorale indépendante (INEC) a reporté les élections générales du 16 au 23 février, quelques heures avant l'ouverture des bureaux de vote, arguant de graves problèmes logistiques.

Les deux partis principaux, le parti au pouvoir (APC, Congrès des Progressistes) et l'opposition (Parti Populaire Démocratique, PDP) s'accusent mutuellement de "sabotage" du scrutin.

"Après les élections, nous devrons savoir ce qui s'est vraiment passé", a indiqué Buhari. "La commission devra nous expliquer pourquoi ils n'ont pas pu organiser ce scrutin et (...) nous devrons trouver un coupable".

Le président du parti au pouvoir, Adams Oshiomhole, a accusé l'INEC de "travailler avec des forces anti-démocratiques pour saper le processus électoral". Prenant la parole lors de cette réunion extraordinaire du parti à Abuja, il a demandé la démission du président de la Commission, Mahmood Yakubu, tout comme son homologue de l'opposition.

Les deux principaux partis ont également assuré qu'ils iraient à l'encontre de l'INEC, qui a demandé aux candidats engagés dans la présidentielle, les législatives et sénatoriales de suspendre leur campagne électorale.

"Le PDP rejette toute interdiction injuste de rouvrir la campagne", a déclaré Kola Ologbondiyan, porte-parole de l'opposition dans un communiqué dimanche soir. "Une telle interdiction est injuste et va à l'encontre de notre code électoral ou de n'importe quelle loi de ce pays", a martelé l'opposition. L'APC a également affirmé qu'il relançait sa campagne.

"Demander la démission du président de l'INEC, plutôt que de s'attaquer aux racines du problème est une excuse trop facile pour se dédouaner de toute responsabilité", a dénoncé dimanche le groupe de la société civile SERAP, qui a menacé de porter plainte contre le gouvernement et le président de l'Assemblée nationale "une fois que seront passés les scrutins".

Ce n'est pas la première fois qu'une élection est reportée au Nigeria, depuis la fin des dictatures militaires en 1999. En 2011, les élections générales ont été retardées deux fois - et alors même que le vote avait déjà débuté, le président de la Commission électorale évoquant alors une situation d'"urgence", avec de nombreux bureaux sans matériel électoral.

Le Nigeria s'était ensuite embrasé dans des violences post-électorales entre chrétiens et musulmans qui avaient fait plus de 1.000 morts à travers le pays.

En 2015, le gouvernement du président Goodluck Jonathan avait également reporté le scrutin de six semaines, arguant des problèmes de sécurité dans le Nord-Est, après des années d'enlisement du conflit contre les jihadistes de Boko Haram.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 18/02/2019 à 14h35, mis à jour le 18/02/2019 à 14h37