Depuis son retour à une monnaie domestique, après avoir abandonné le dollar, le gouvernement zimbawéen a du mal à contrôler la hausse des prix.
L'inflation, selon l'agence officielle des Statistiques (ZimStat), vient d'atteindre le taux record de 175,66% à fin juin, le niveau le plus élevé sur les dix dernières années.
Déjà, en mai dernier, quand la même agence avait publié le chiffre de 97,9% de l'augmentation des prix sur un an glissant, cela avait soulevé beaucoup de commentaires et autant d'inquiétudes.
Visiblement, le pays autrefois sous la poigne de Robert Mugabe, désormais ex-président du Zimbabwe, ne parvient toujours pas à se relever, deux ans après la chute de ce dictateur. D'ailleurs, c'est la précipitation de son successeur, Emmerson Mnangagwa, qui semble accélérer les processus.
En effet, Robert Mugabe avait renoncé à la monnaie nationale, à cause d'un taux d'inflation à trois, voire à quatre chiffres.
Il avait alors adopté le dollar comme devise ayant cours légal dans le pays et servant à toutes les transactions, y compris pour payer ses impôts. Cette situation avait permis de stabiliser les prix depuis 2008.
Mais début 2019, le "Real-Time Gross Settlement dollar" (RTGS-dollar) ou "dollar du système de règlement brut en temps réel" a été adopté avant que le gouvernement ne décide d'en faire l'unique monnaie zimbabwéenne à partir de fin juin.
L'objectif affiché par les autorités monétaires et financières était de faire du dollar RTGS le nouveau dollar zimbabwéen.
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Sauf qu'il a été très difficile de ressusciter une monnaie qui avait disparu à cause des profondes difficultés économiques du pays, liées à l'effondrement du système de production.
Le Zimbabwe, qui était autosuffisant sur le plan agricole, est entre-temps devenu importateur net.
L'industrie, y compris minière, est à l'arrêt depuis plusieurs années ou ne fonctionne que de manière partielle.
Quant à la production d'électricité, elle affiche un déficit qui correspond à plusieurs mois de consommation par an.
A ce rythme, les experts estiment que l'inflation au Zimbabwe pourrait facilement atteindre les 300% avant la fin de l'année.
«Avec la réintroduction de la monnaie locale, cela va mettre la pression, car il n'y a pas de production. On n'introduit pas plus de devises lorsqu'il n'y a pas de production parce que cela entraîne l'inflation. Nous sommes techniquement en hyperinflation», a ainsi récemment affirmé à l'agence américaine Bloomberg Prosper Chitambara, économiste principal à l'Institut de recherche économique et du travail à Harare, la capitale de cet Etat d'Afrique australe.