Zimbabwe: l'inflation atteint presque 200% en juin

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Le 15/07/2019 à 14h02, mis à jour le 15/07/2019 à 14h04

Voulant réadapter le dollar zimbabwéen d'ici la fin de l'année, les autorités ont banni sur le territoire national les devises étrangères, en particulier le dollar américain, qui leur servait de monnaie. La manœuvre vire en ce moment même au drame économique avec une inflation à trois chiffres.

Depuis son retour à une monnaie domestique, après avoir abandonné le dollar, le gouvernement zimbawéen a du mal à contrôler la hausse des prix.

L'inflation, selon l'agence officielle des Statistiques (ZimStat), vient d'atteindre le taux record de 175,66% à fin juin, le niveau le plus élevé sur les dix dernières années. 

Déjà, en mai dernier, quand la même agence avait publié le chiffre de 97,9% de l'augmentation des prix sur un an glissant, cela avait soulevé beaucoup de commentaires et autant d'inquiétudes. 

Visiblement, le pays autrefois sous la poigne de Robert Mugabe, désormais ex-président du Zimbabwe, ne parvient toujours pas à se relever, deux ans après la chute de ce dictateur. D'ailleurs, c'est la précipitation de son successeur, Emmerson Mnangagwa, qui semble accélérer les processus. 

En effet, Robert Mugabe avait renoncé à la monnaie nationale, à cause d'un taux d'inflation à trois, voire à quatre chiffres.

Il avait alors adopté le dollar comme devise ayant cours légal dans le pays et servant à toutes les transactions, y compris pour payer ses impôts. Cette situation avait permis de stabiliser les prix depuis 2008. 

Mais début 2019, le "Real-Time Gross Settlement dollar" (RTGS-dollar) ou "dollar du système de règlement brut en temps réel" a été adopté avant que le gouvernement ne décide d'en faire l'unique monnaie zimbabwéenne à partir de fin juin.

L'objectif affiché par les autorités monétaires et financières était de faire du dollar RTGS le nouveau dollar zimbabwéen. 

Sauf qu'il a été très difficile de ressusciter une monnaie qui avait disparu à cause des profondes difficultés économiques du pays, liées à l'effondrement du système de production.

Le Zimbabwe, qui était autosuffisant sur le plan agricole, est entre-temps devenu importateur net.

L'industrie, y compris minière, est à l'arrêt depuis plusieurs années ou ne fonctionne que de manière partielle.

Quant à la production d'électricité, elle affiche un déficit qui correspond à plusieurs mois de consommation par an. 

A ce rythme, les experts estiment que l'inflation au Zimbabwe pourrait facilement atteindre les 300% avant la fin de l'année. 

«Avec la réintroduction de la monnaie locale, cela va mettre la pression, car il n'y a pas de production. On n'introduit pas plus de devises lorsqu'il n'y a pas de production parce que cela entraîne l'inflation. Nous sommes techniquement en hyperinflation», a ainsi récemment affirmé à l'agence américaine Bloomberg Prosper Chitambara, économiste principal à l'Institut de recherche économique et du travail à Harare, la capitale de cet Etat d'Afrique australe. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 15/07/2019 à 14h02, mis à jour le 15/07/2019 à 14h04