L'état d'urgence est déclaré pour trois mois dans les provinces du Sila et du Ouaddaï, à la frontière entre le Tchad et le Soudan. Des affrontements entre cultivateurs et éleveurs y ont fait plus de 50 morts depuis le 9 août, selon la présidence qui ne dresse pas de bilan plus précis.
Depuis plusieurs dizaines d'années, la province du Ouaddaï, zone de transhumance, est en proie à des conflits entre éleveurs nomades arabes et cultivateurs autochtones ouaddaïens.
"S'il y a encore des conflits entre Arabes et Ouaddaïens, (...) vous en tuez dix de chaque côté afin de sauver la majorité. Vous avez l'autorisation", a lancé le président Déby aux autorités locales lors d'un déplacement dimanche dans le Sila, où le déploiement de "forces militaires qui vont assurer la sécurité de la population dans la zone" a été annoncé.
"Dès que je quitte la province de Sila, il faut désarmer tous les civils de la zone qui ont des armes entre les mains", a-t-il ordonné.
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La Convention tchadienne de défense des droits humains (CTDDH) a aussitôt condamné dans un communiqué les consignes du président, "scandalisée par l'appel au massacre des civils".
L'ONG "exige l'arrêt immédiat de ces exactions et estime que la responsabilité du génocide qui se prépare incombera au président Déby".
Outre la saisie des armes et la présence de forces militaires, le président tchadien a annoncé l'interdiction de circuler à moto dans les deux régions, ainsi que la suspension des chefs des deux cantons où se sont déroulés les affrontements.
Les violences avaient éclaté après la découverte du corps d'un jeune éleveur arabe dans un village de la sous-préfecture de Wadi Hamra, entraînant des affrontements entre sa communauté et des agriculteurs ouaddaïens.
"C'est une guerre totale que nous devons engager contre ceux qui portent des armes et sont à l'origine des morts d'hommes", avait averti le président Déby le 9 août lors d'une conférence de presse.
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A l'origine de ces éruptions de violences, on retrouve souvent les mêmes scénarios ou presque: un troupeau de dromadaires piétine le champ d'un agriculteur ou un jardin cultivé par une famille, déclenchant immédiatement la confrontation entre les hommes des deux communautés, la plupart du temps avec des armes à feu.
Le président tchadien a plus particulièrement incriminé l'afflux d'armes venues des pays frontaliers du Tchad en proie à de graves conflits comme la Libye, la Centrafrique ou le Soudan.
"La cause principale de ce conflit intercommunautaire est lié au désordre qui dégénère au Soudan", a-t-il insisté dimanche.
Outre le conflit du Darfour, dans l'ouest, un mouvement de contestation a mené au Soudan à la chute du président Omar el-Béchir et vient d'aboutir samedi, après huit mois de troubles, à un accord entre militaires et opposants.
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Dans l'est du Tchad, la multiplication des tensions s'explique également par la sécheresse et la pression démographique.
Des changements structurels auxquels sont venus se greffer des problèmes ethniques: les troupeaux appartiennent en grande majorité aux Zaghawa, l'ethnie du président Déby, selon les agriculteurs autochtones qui dénoncent l'impunité dont les éleveurs bénéficient lorsqu'un différend éclate.
Ces situations conflictuelles entre éleveurs et agriculteurs se retrouvent aussi dans plusieurs autres pays africains, notamment au Nigeria ou en Centrafrique.