Egypte: le parlement européen condamne la répression et appelle ses pays membres à agir

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Le 25/10/2019 à 09h43, mis à jour le 25/10/2019 à 09h55

Revue de presseDevant le recul du respect des droits de l'homme en Egypte, les parlementaires européens ont appelé à une "révision en profondeur" de la diplomatie de l'Union envers son partenaire nord-africain. La disposition concernant la vente d'armes à l'Egypte a finalement été abandonnée.

Dans leur résolution votée hier, jeudi 24 octobre, même s'ils ont finalement abandonné la disposition concernant l'interdiction de la vente d'armes, ils ont demandé à la Commission européenne et aux gouvernements des pays membres de revoir les relations avec l’Egypte. L’objectif étant d’y intégrer la dimension des droits de l’homme.

Dans une déclaration faite au quotidien français Le Monde, l'eurodéputé Mounir Satouri, qui est à l'origine de la résolution, affirme que que "le message du Parlement est clair. Nous dénonçons le silence coupable de l’Union européenne et appelons à plus de cohérence en matière de politique étrangère. Le respect des droits de l’homme doit être au cœur de nos relations avec le gouvernement d’Al-Sissi".

Ce sont les Verts européens, soutenus par les socio-démocrates, qui sont à l'origine de cette condamnation de l'Egypte. En revanche, "les libéraux, la droite et l’extrême droite", ne les ont pas suivis notamment en ce concerne la vente d'armes à l'Egypte, ce qui est pour Mounir Satouri "une forme de blanc-seing à la répression, en refusant toute mention des exportations d’armes par certains Etats membres, dont la France". 

Il faut dire que dans les relations économiques avec l'Egypte, outre le blé, l'armement occupe une place de choix. Le journal officiel de l'UE affirme que 14 pays européens ont vendu des armes à l'Egypte. 

La France, à elle seule, a signé des contrats de 6 milliards d'euros d'armements avec le gouvernement égyptien, depuis 2015. Pourtant, Paris est la première à critiquer la situation des droits de l'homme, même si elle défend mordicus ses intérêts dans le domaine de la vente d'armes. 

L'adoption de cette résolution fait suite à la répression des manifestations qui se sont déroulées les 20 et 21 septembre et qui ont abouti à l'arrestation de plus de 4300 citoyens, selon certaines sources. 

Dans leur message adressé aux autorités égyptiennes, les eurodéputés exigent la libération des manifestants détenus, mais également la fin des actes de violence et d'intimidation. Ils veulent également que les représailles prennent fin contre ceux qui travaillent avec les organisations internationales et les institutions des Nations Unies. 

Toujours dans le quotidien Le Monde, une source parlementaire explique qu'il "y a un vrai ras-le-bol qui est exprimé sur la situation des droits de l’homme en Egypte et la politique européenne vis-à-vis de ce pays". La même source ajoute qu’il "existe à l’intérieur de la Commission européenne de fortes résistances. Certains invoquent les intérêts bilatéraux – ventes d’armes, lutte contre le terrorisme et stabilité –, ainsi que la peur des migrants pour continuer le soutien à l’Egypte". Elle ajoute que l’Union européenne doit "remettre la priorité sur les droits de l’homme". 

Evidemment, ces résolutions n'ont pas force de loi aux yeux des Etats européens qui continueront à privilégier les intérêts notamment économiques ou à soulever la question de la coopération en matière de lutte antiterroriste. Néanmoins, elles sont forcément entendues aussi bien par les gouvernements européens que par leurs partenaires égyptiens. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 25/10/2019 à 09h43, mis à jour le 25/10/2019 à 09h55