Il y a juste quelques mois, nul n'aurait pu imaginer le Bénin, dont l'économie dépend du commerce de transit avec son voisin, convoquer le chef de la représentation diplomatique nigériane à Cotonou. C'est pourtant ce qui est arrivé ce weekend, plus précisement samedi 16 novembre, une première dans l'histoire des deux pays.Les chosent sont en train de tourner au vinaigre entre les deux pays, attisées par les dernières violations dont le Bénin accuse l'armée et l'administration des douanes nigérianes de s'en être rendu coupables: des éléments de l'armée et de la douane nigérianes seraient, en effet, entrés au Bénin, le 14 novembre dernier, armés jusqu'aux dents pour réquisitionner ou saisir des dizaines de sacs de riz appartenant à des commerçants.
"Ce qui est arrivé le 14 novembre est inacceptable. Je proteste vivement et vous exprime la déception de mon gouvernement", a dit Aurélien Agbenonci, ministre béninois des Affaires étrangères qui s'adressait à l'ambassadeur du Nigeria, des propos relayés par la télévision nationale.
Le 16 novembre est pourtant le jour où; à Abuja, se tenait une rencontre de haut niveau entre les ministres béninois et nigérians et leur homologue nigérien, pour discuter de la fermeture des frontières.
D'après l'enquête en cours, et selon des témoins, une trentaite d'hommes armés venant du Nigeria, à bord de 7 pick-ups, auraient violé la frontière béninoise. Ils auraient alors défoncé les portes d'un magasin appartenant à un grand commerçant et auraient emportés plus de 350 sacs de riz et une somme en naira proche de 2400 dollars.
Les autorités nigérianes affirment qu'une enquête est en cours et condamnent tout ce qui peut rendre la situation actuelle plus compliquée qu'elle ne l'est déjà.
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Il convient de rappeler que le Nigeria a décidé de la fermeture de ses frontières avec ses voisins de la CEDEAO, à savoir le Bénin et le Niger, depuis le 21 août dernier. Cette mesure unilatériale a été reconduite jusqu'à fin janvier 2020.
Or, le commerce et l'import-export bénibois transitent par le Nigeria, avec jusqu'à 20% de son PIB en lien direct avec ce transit transfrontalier. Le Nigeria, qui booste son industrie et sa production agricole, ne compte pas revenir de sitôt sur cette décision, même si ses voisins en souffrent énormément.