Cameroun: l'opposition met la pression sur le pouvoir au sujet des prochaines élections

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Le 01/12/2019 à 07h16, mis à jour le 02/12/2019 à 08h36

Le SDF de John Fru Ndi, l'opposant historique, et le PCRN de Cabral Libii, troisième à la dernière élection présidentielle, conditionnent leur participation au double scrutin du 9 février 2020 à certains préalables. Ce, alors que le MRC de Maurice Kamto s'est déjà désisté.

Lors d’une conférence de presse ce 28 novembre 2019 à Yaoundé, la capitale, Cabral Libii, président du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN), a indiqué qu'en l'absence d’une mesure visant à «rééquilibrer le jeu politique», sa formation politique pourrait se résoudre à ne plus participer aux élections législatives et municipales du 9 février 2020.

Le leader du PCRN réclame notamment au conseil électoral d’accorder un délai supplémentaire de 15 jours aux candidats pour compléter leurs dossiers. Ce délai est arrivé à expiration lundi 25 novembre 2019. 

Entre autres raisons avancées pour justifier cette demande, des problèmes administratifs. «Après la convocation du corps électoral, des maires majoritairement élus du RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais, au pouvoir, Ndlr), des sous-préfets, des chefs de centre des impôts, des responsables du trésor, tous signataires des pièces des dossiers des candidats, ont mis en marche ce qui pourrait à juste titre être qualifié de processus de fraude pré-électorale, visant tout simplement à faire éliminer des candidats de l’opposition», déclare l'homme politique. Et celui-ci de lister des entraves comme le refus de signer les pièces du dossier de candidatures par les élus municipaux (extraits de naissance, certificat de domicile, cautions).

Ou encore, l’absence prolongée des maires pour cause d'investiture au sein du RDPC pendant toute une semaine. Ce qui a réduit de 4 jours, le délai de 15 jours prévu pour la préparation et le dépôt des dossiers des candidats aux élections. Ce, alors que pour l’opposition, des facilités étaient accordés au parti au pouvoir.

Le même jour, le Social Democratic Front (SDF) de John Fru Ndi a également nuancé sa position sur le sujet, après avoir initialement indiqué qu'il prendrait part au double scrutin. «Le fait de déposer des dossiers ne signifie pas que nous irons à ces élections. Le SDF n'ira pas aux élections si la crise anglophone perdure jusqu'en février 2020», affirme Joshua Osih, vice-président du parti.

Ces positions arrivent alors que le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto a renoncé à participer à ces élections, à cause notamment de la persistance de la crise anglophone. Une non participation de l'opposition, selon des observateurs, pourrait remettre en cause la légitimité des futurs élus du peuple. Ce vendredi 29 novembre 2019, le président du conseil électoral a indiqué que l'instance se donne 10 jours pour examiner tous les dossiers de candidatures et publier les listes validées.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 01/12/2019 à 07h16, mis à jour le 02/12/2019 à 08h36