Voici les principales questions sur le conflit et les motivations des différents acteurs.
Pourquoi les Libyens se font la guerre?
Deux autorités rivales se disputent le pouvoir depuis 2015 dans le pays plongé dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 après une révolte populaire.
Le Gouvernement d’union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj, établi en vertu d’un accord parrainé par l’ONU et basé dans la capitale Tripoli (Ouest), est contesté par une autorité rivale installée dans l’Est tenu par le maréchal Khalifa Haftar.
Ce dernier tient sa légitimité du Parlement élu en 2014 et qui s’est installé dans l’Est après la prise de la capitale par une coalition de milices de l’Ouest.
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En 2014, Haftar a lancé une offensive pour chasser de Benghazi et Derna (est) les groupes islamistes, qualifiés de “terroristes”. Après des années de combats sanglants, les deux villes sont sous contrôle de Haftar depuis 2018.
En janvier 2019, il se lance à la conquête du Sud désertique, prenant rapidement et sans combats le contrôle de quelques villes grâce au ralliement de tribus, avant de révéler son objectif ultime: s’emparer du centre du pouvoir à Tripoli.
Pourquoi attaquer Tripoli?
Haftar contrôle la grande partie du territoire libyen, dont le croissant pétrolier, poumon de l‘économie et situé dans l’Est. Selon des analystes, il ne digère pas que tous les revenus pétroliers vont au GNA même si ce dernier les redistribue à tous. Le pétrole est pratiquement la seule source de revenus du pays.
Le GNA lui contrôle Tripoli, Misrata et la plupart des autres villes de l’Ouest. Le 4 avril, les pro-Haftar lancent l’assaut contre Tripoli à partir des régions du Sud et arrivent rapidement aux portes de la capitale.
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Selon une source diplomatique occidentale, Haftar a décidé de prendre Tripoli et de “mettre tout le monde devant le fait accompli”.
Il espérait une victoire éclair en misant sur un effondrement rapide des forces du GNA. Mais c‘était sans compter la mobilisation de plusieurs groupes armés de l’Ouest, dont ceux de Misrata, farouchement opposés à Haftar accusé de “dictateur”.
Les proHaftar sont toujours bloqués aux portes de Tripoli. Et un cessez-le-feu, à l’initiative de Moscou et Ankara, entré en vigueur le 12 janvier est globalement respecté.
Quels pays impliqués?
Le maréchal Haftar est soutenu par l’Egypte, les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite.
L’Egypte, les Emirats mais également la France, voyaient en Haftar un champion de la lutte antiterroriste et lui avaient fourni un temps aides militaires et logistiques.
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La Russie l’appuie au moins politiquement. Malgré ses démentis, elle est soupçonnée d’avoir envoyé des mercenaires aux côtés des pro-Haftar.
Les Etats-Unis ont affiché leur soutien au maréchal en révélant un contact direct entre lui et Donald Trump, après l’offensive contre Tripoli. Ils ont ensuite adopté une position ambiguë.
Le GNA est soutenu par la Turquie et le Qatar. Ankara a annoncé l’envoi de troupes en Libye pour aider son allié.
Des experts de l’ONU avaient indiqué que les Emirats et la Jordanie avaient “fourni des armes de manière régulière et parfois flagrante” aux forces de Haftar. La Turquie a fait de même pour le GNA.
Que veut la Turquie?
L’implication turque est dictée par des facteurs géopolitiques et idéologiques, selon des analystes. La Turquie veut contrecarrer l’influence des Emirats et de l’Egypte, hostiles aux courants islamistes proches d’Ankara.
Ankara a aussi des motivations d’ordre économique. Des gisements d’hydrocarbures en Méditerranée orientale aiguisent son appétit mais aussi celui d’autres riverains – Grèce, Egypte, Chypre et Israël.
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Menacée de sanctions européennes pour ses forages jugés illégaux au large de Chypre, dont elle occupe la partie nord, la Turquie entend s’appuyer sur un accord controversé avec le GNA sur la délimitation maritime pour faire valoir des droits sur l’exploitation des hydrocarbures.
Que fait la Russie en Libye?
“La Libye est perçue comme une opportunité pour Moscou: commerciale bien sûr, mais aussi géostratégique”, explique à l’AFP Jalel Harchaoui de l’Institut Clingendael de La Haye.
Une présence en Libye fournit aux Russes un moyen peu coûteux, voire même lucratif, de contrer l’Otan et fragiliser l’Union européenne, dit-il. Aux yeux de la Russie, “la Libye incarne l’échec occidental” et elle “souhaite démontrer qu’elle peut réussir là où l’Europe a failli”.
Craintes des Européens
Les Européens redoutent en particulier que la Libye ne devienne une “seconde Syrie”, avec l’internationalisation accrue du conflit, et veulent réduire la pression migratoire à ses frontières et les risques de menaces jihadistes.