Cameroun: le gouvernement accuse des ONG d'avoir perçu plus de 5 milliards de FCFA pour destabiliser le pays

Violences dans les régions anglophones du Cameroun.

Violences dans les régions anglophones du Cameroun.. DR

Le 11/03/2020 à 10h10, mis à jour le 11/03/2020 à 10h10

Le ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a invité les ONG internationales, au cours d'une conférence de presse à Yaoundé, à respecter le cadre légal qui régit leurs actions, et a dénoncé «une conspiration» contre le Cameroun.

Dans une déclaration à la presse ce lundi 9 mars 2020 à Yaoundé, la capitale, le ministre camerounais de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a accusé certaines ONG internationales de comploter contre le pays.

Il a notamment évoqué les «dérapages et les manœuvres obscures récurrents de certaines ONG et associations des droits de l’Homme installées au Cameroun et à l’étranger».

Pour le ministre, Human Rights Watch (HRW), Amnesty International, International Crisis Group (ICG) , OCHA, REDHAC et bien d’autres, "sont engagées dans une démarche conspirationiste contre le Cameroun et contre les forces de défense et de sécurité».

Paul Atanga Nji conteste notamment certains chiffres et informations avancées par ces ONG qui, selon lui, produisent des rapports biaisés et ne relayent pas assez les informations transmises par les officiels camerounais.

Plus encore, le ministre a porté des accusations contre certaines de ces ONG. «Il a été découvert dans les convois humanitaires de certaines ONG, des armes et des munitions, des téléphones portables, des téléphones satellitaires Thuraya et des jumelles destinés aux terroristes», indique ce membre du gouvernement.

«Le gouvernement détient des preuves irréfutables de connivence entre certaines ONG et des terroristes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest», a-t-il ajouté.

En plus du «silence coupable» des ONG face aux attaques des sécessionnistes contre les forces de défense et de sécurité et les populations civiles, le ministre affirme que «ces ONG aux ordres ont reçu plus de 5 milliards de francs CFA des réseaux occultes à l’intérieur et à l’extérieur du Cameroun».

L'objectif en est, selon ses dires, de déstabiliser les institutions de la République et de diffuser régulièrement dans certains médias à leur solde et dans les réseaux sociaux, des informations tronquées pour discréditer la gestion de la crise anglophone dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest par le gouvernement, et enfin de démontrer que le Cameroun ne serait pas en mesure de gérer les déplacés internes.

Autre visée de ces ONG, selon Paul Atanga Nji: montrer à travers de faux reportages que l’armée camerounaise perpétrerait des actes répréhensibles contre les populations civiles.

Aussi, le ministre appelle-t-il les nombreuses ONG qui exercent librement leurs activités dans le pays, à la faveur des lois sur les libertés publiques promulguées par le président de la République en 1990, à respecter le cadre légal qui régit leurs actions au Cameroun et à être «des associations responsables».

C'est dans ce cadre qu'il a notamment donné un délai de 60 jours à chaque responsable d’ONG pour déposer dans ses services, les rapports d’activités des exercices 2017-2018 et 2018-2019.

Des rapports où ils devront, entre autres, «détailler au franc près», les fonds reçus chaque année, l’identité de leurs financiers ou donateurs, l’utilisation de ces fonds au Cameroun ou encore les bénéficiaires de leurs actions.

Cette obligation légale n'a pas été respectée jusqu'à présent, d'après Paul Atanga Nji.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 11/03/2020 à 10h10, mis à jour le 11/03/2020 à 10h10