« J’ai décidé de prendre des actions fortes mais nécessaires pour protéger la santé et le bien-être de tous les Américains », a annoncé le président américain lors d’une allocution solennelle depuis le Bureau ovale de la Maison Blanche.
« Pour empêcher de nouveaux cas de pénétrer dans notre pays, je vais suspendre tous les voyages en provenance d’Europe vers les États-Unis pour les 30 prochains jours », a-t-il ajouté, déplorant que l’Union européenne n’ait pas pris « les mêmes précautions » que les États-Unis face à la propagation du virus.
Exception pour le Royaume-Uni
Cette mesure, qui entrera en vigueur vendredi 13 mars à minuit (5 h samedi en France), ne concernera pas le Royaume-Uni, a précisé le milliardaire républicain.
Elle s’appliquera à toute personne ayant séjourné dans l’espace Schengen au cours des 14 jours précédant leur arrivée prévue aux États-Unis, à l’exception des citoyens américains et des résidents permanents.
Dans une phrase alambiquée, Donald Trump a laissé entendre que les cargos en provenance d’Europe pourraient aussi être concernés mais la Maison Blanche a précisé par la suite que cela n’était pas le cas.
Les prix du pétrole chutaient de plus de 6 %, jeudi matin en Asie, après le discours du président américain.
« Virus étranger »
Au cours de son allocution de dix minutes, le président de la première puissance mondiale a qualifié le nouveau coronavirus de « virus étranger ».
Il y a quelques jours, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo avait provoqué une polémique, et l’ire de Pékin, en parlant de « virus de Wuhan ».
Le 45e président des États-Unis a achevé son discours en martelant sa conviction que l’avenir des États-Unis restait « plus radieux que personne ne peut l’imaginer ».
Le président américain est accusé par nombre d’élus démocrates de vouloir minimiser à tout prix l’ampleur de la crise sanitaire à venir, et d’envoyer des messages confus, parfois en contradiction avec ceux des autorités sanitaires. « Cela va disparaître, restez calme », avait-il encore déclaré mardi. « Tout se déroule bien. Beaucoup de bonnes choses vont avoir lieu ».
Aide à l’économie
Donald Trump a par ailleurs appelé le Congrès américain à adopter rapidement une réduction des taxes sur les salaires pour aider les ménages américains à surmonter l’impact économique de l’épidémie de coronavirus. Cette proposition faite par son administration en début de semaine n’a pas eu un écho très favorable auprès des élus, y compris de son propre parti.
Le président a aussi annoncé le report de la date butoir de paiement des impôts pour certains individus et entreprises, qui devrait permettre selon lui de réinjecter 200 milliards de dollars de liquidités supplémentaires dans l’économie.
Wall Street a connu une nouvelle séance noire mercredi : le Dow Jones Industrial Average s’est effondré de 5,87 %, et le Nasdaq a perdu 4,70 %.
« L’Europe est la nouvelle Chine »
Quelques heures avant l’allocution présidentielle, le directeur des Centres de détection et de prévention des maladies (CDC) Robert Redfield avait estimé que le principal risque de propagation de l’épidémie pour les États-Unis venait d’Europe.
« La vraie menace pour nous, c’est désormais l’Europe », avait-il affirmé. « C’est de là qu’arrivent les cas. Pour dire les choses clairement, l’Europe est la nouvelle Chine ».
Début février, Washington avait provisoirement interdit l’entrée aux États-Unis des non-Américains s’étant récemment rendus en Chine. Le président Trump a longtemps invoqué cette décision drastique pour assurer que la propagation de l’épidémie était sous contrôle sur le territoire américain.
Le département d’État a aussi exhorté les Américains à éviter tout voyage à l’étranger « en raison de l’impact mondial du Covid-19 ». Selon la diplomatie américaine, les Américains qui se rendent hors des États-Unis risquent également de se retrouver coincés car de nombreux pays, y compris ceux où aucun cas de coronavirus n’est encore signalé, « peuvent restreindre les déplacements sans préavis ».
Les États-Unis ont dépassé mercredi la barre des 1 200 cas d’infection au nouveau coronavirus, et 38 personnes en sont mortes, selon les statistiques de l’université américaine Johns Hopkins.