Cette révélation exclusive du New York Times démontre une fois de plus les enjeux de la guerre que se livrent les puissances étrangères à propos de la Libye.
Dans un article paru mardi 14 avril sous le titre «La Maison Blanche a béni une guerre en Libye, mais la Russie l’a remportée», le quotidien américain révèle que John Bolton, ancien Conseiller américain à la sécurité nationale du président Donald Trump, avait donné à Khalifa Haftar, général libyen à la retraite, autoproclamé Maréchal, l’autorisation de lancer une attaque contre la capitale libyenne, Tripoli, au printemps 2019.
Le journal ajoute que John Bolton, alors conseiller du président Trump, avait dit à Khalifa Haftar: «si vous allez attaquer, faites-le maintenant», au cours d’un entretien téléphonique entre les deux hommes à la veille d’une conférence de paix entre les factions rivales libyennes.
Ainsi, tout en faisant croire à son soutien au processus de paix, Washington avait autorisé Khalifa Haftar à lancer une offensive sur Tripoli.
Le média new-yorkais explique également que Khalifa Haftar ne voulait pas du processus de paix, mais comptait bénéficier du soutien de la Maison Blanche pour lancer une attaque éclair et s’emparer de la capitale libyenne,Tripoli.
Après avoir reçu cette autorisation de la part de Washington, Haftar a lancé son offensive sur Tripoli, le 4 avril 2019, pour y déloger le gouvernement d’entente nationale, pourtant reconnu par l’ONU.
Toutefois, cette offensive éclair à laquelle aspirait Haftar et ses soutiens américains s’est transformée depuis lors en un véritable bourbier. Les forces gouvernementales, avec le soutien des Russes, des Qataris et ensuite des Turcs ont repoussé les forces de Haftar.
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L’autorisation donnée depuis la Maison Blanche a donc contribué à relancer la guerre civile en Libye, avec un nouvel acteur, devenu central, la Turquie, qui a profité de cette brèche ouverte pour fournir des armes et des hommes au gouvernement de Tripoli.
Ces derniers jours, grâce au soutien d’Ankara, les forces alliées du Gouvernement d’entente nationale ont même pu reprendre deux villes stratégiques de l’ouest de la Libye, desserrant un peu plus l’étau de Haftar sur la capitale.
L’échec de Haftar, puis l’arrivée des Turcs ont donc fortement réduit l’influence américaine, signant ainsi, au final, un échec cuisant de la Maison Blanche qui souhaitait au départ placer Haftar, un proche de la CIA américaine, à la tête de la Libye.