Certes, le communiqué officiel affirme que le président Pierre Nkurunziza du Burundi est mort des suites d'une crise cardiaque, mais plusieurs sources contredisent cette version pour parler de Covid-19. Ce serait un terrible coup du sort pour celui qui affirmait à tout va: "Nous pouvons nous réunir sans masques, car Dieu purifie l’air du pays", même après le récent transfert médical de son épouse vers le Kenya.
La version officielle a de quoi surprendre, puisque cet ancien professeur d'éducation physique était un grand sportif qui jouait encore dans son équipe de football et qui n'avait jamais montré de signes de défaillance cardiaque ou une quelconque maladie du coeur auparavant. En revanche, les preuves s'accumulent pour accréditer la thèse du décès suite à une infection au nouveau coronavirus.
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Il y a d'abord sa femme, atteinte de Covid-19, selon plusieurs sources et qui est allée se soigner dans un hôpital privé de Nairobi, le complexe Aga Khan présenté comme l'un des meilleurs dans ce pays voisin du Burundi. Ainsi, dans la nuit du mercredi 27 au jeudi 28 mai, Denise Nkurunz a été évacuée par avion grâce à une organisation sanitaire, AMREF en l'occurrence.
La presse kényane avait, quant à elle, la quasi-certitude qu'il s'agissait bien de Covid-19. Car Denise Nkurunziza avait été transportée dans un caisson d'isolement pour éviter tout risque de contamination et elle est arrivée en pleine nuit alors que l'aéroport de Nairobi était déjà fermé. Or, si elle était atteinte de Covid-19, il y a fort à parier que son mari a été lui aussi contaminé. Depuis, ce week-end, son épouse était rentrée précipitamment auprès de lui, parce qu'elle se sentait bien.
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Mais, il y a aussi des preuves un peu plus directes de cette probable infection. En effet, selon la presse burundaise, l'un des rares appareils de respiration artificielle du pays a été acheminé de Bujumbura vers Karusi, dans la journée de lundi. Or, c'est justement dans l'hôpital du Cinquantenaire situé dans cette localité que le président Nkurunziza a été hospitalisé et a fini par décéder. Visiblement, il était déjà trop tard.
De plus, des médecins ont évoqué dès dimanche, c'est-à-dire le lendemain de son admission, le nouveau coronavirus comme cause de son hospitalisation.
Le déni pourrait s'expliquer par le fait que les autorités sanitaires burundaises n'ont jamais officiellement reconnu l'ampleur de la maladie. En effet, le pays a même renvoyé les membres du bureau de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) les accusant de gonfler les chiffres des contaminations.