Tard jeudi, des manifestants ont bloqué plusieurs artères de la deuxième ville libyenne, fief du pouvoir incarné par l'homme fort de l'Est libyen, Khalifa Haftar.
Dans un mouvement de protestation rare dans cette région du pays, ils ont brûlé des pneus aux carrefours et dénoncé les coupures d'électricité, les pénuries de liquidités et les prix élevés des carburants, a constaté un journaliste de l'AFP.
La Libye, qui dispose des réserves de pétrole les plus abondantes d'Afrique, est déchirée par un conflit entre deux pouvoirs rivaux: le Gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par l'ONU et basé à Tripoli et un pouvoir incarné par le maréchal Haftar, qui règne sur l'Est et une partie du Sud.
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Depuis janvier, des groupes pro-Haftar bloquent les champs et ports pétroliers les plus importants du pays pour réclamer une répartition équitable, selon eux, des recettes pétrolières gérées par le GNA.
Ce blocage a engendré 9,6 milliards de dollars (8,1 milliards d'euros) de pertes de revenus, selon les derniers chiffres de la Compagnie nationale du pétrole.
L'Est du pays a également perdu le quart de son approvisionnement en électricité en raison du manque de gaz et de diesel, d'après la Compagnie générale de l'électricité (GECOL).
Les manifestants ont appelé dans un communiqué à mettre fin à la "corruption répandue dans les institutions étatiques", accusant les responsables qui gouvernent à l'Est de "détournement de fonds" destinés à lutter contre la pandémie de Covid-19.
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Berceau de la révolte populaire qui a mené en 2011 à la chute du dictateur Mouammar Kadhafi, Benghazi connaît aussi une forte hausse des prix des marchandises.
Afin de contenir ce mouvement de colère populaire qui s'est étendu à d'autres villes de l'Est, le président du Parlement installé à Tobrouk, Aguila Saleh, a rapidement convoqué une "réunion urgente" jeudi soir avec le cabinet parallèle.
Il y a deux semaines, des centaines de personnes avaient manifesté à Tripoli contre la corruption et les conditions de vie difficiles dans leur ville qui a été, durant plus de 14 mois, la cible d'une offensive militaire meurtrière du maréchal Haftar.
Les deux parties en conflit ont annoncé le 22 août, séparément, un cessez-le-feu et des élections.