Les dernières négociations sur le barrage de la Renaissance éthiopienne, entre l’Ethiopie, l’Egypte et le Soudan ont échoué. Les trois pays n’ont pas su se mettre d’accord sur une méthodologie pour achever les négociations sur la gestion du barrage.
Commentant ces négociations, le Premier ministre soudanais, Abdallah Hamdok, a réitéré la position de Khartoum sur la conclusion d’un accord équitable sur le barrage éthiopien sous la supervision de l’Union africaine.
Si le pays, contrairement à l’Egypte, est bien arrosé grâce aux eaux du Nil Bleu et du Nil Blanc, qui se rencontrent à Khartoum, pour former le Nil, et leurs affluents, il a clairement expliqué que le futur accord doit garantir l’exploitation sure des barrages soudanais d’Er-Roseires et de Sennar, construits sur le Nil Bleu.
En clair, le Soudan craint surtout que la construction en amont du barrage éthiopien ne réduise le débit du fleuve et impacte négativement sur le bon fonctionnement de ses barrages hydroélectriques construits sur le Nil Bleu, particulièrement celui d’Er-Roseires.
Construit en 1966 sur le Nil Bleu au Ed-Damazin, juste en amont de la ville d’Er-Roseires, à 60 km de la frontière avec l’Ethiopie, celui-ci a été rénové par le Soudan pour accroître ses impacts sur l’agricultures et la production d’électricité.
Cette rénovation s’est traduite par l’élévation de la hauteur du barrage de 10 mètres afin d’augmenter le niveau normal de l’eau du réservoir de 480 à 490 mètres au-dessus du niveau de la mer et donc l’augmentation de la capacité de stockage de 3 milliards de m3 à 7,5 milliards de m3. Grâce à ces rénovations, la superficie du lac a augmenté de 250%.
Grâce à ces changements, les autorités soudanaises ont augmenté sensiblement les superficies des terres irriguées à 1,7 million d’hectares et porté la production hydroélectrique annuelle à 565 Gwh.
Le Soudan craint que les impacts positifs de cette rénovation d’Er-Roseires ne soient annihilés par la mise en service du barrage éthiopien avec des conséquences néfastes sur la pêche, l’agriculture irriguée et la production d’électricité.
C’est pourquoi les Soudanais et les Egyptiens souhaitent aboutir à un accord final contraignant sur la gestion du barrage éthiopien, alors que l’Ethiopie souligne que l’accord doit se limiter au remplissage du réservoir du barrage et que tout accord portant sur sa gestion doit être lié à la question de partage des eaux du Nil Bleu. Mais l’Egypte et le Soudan le refusent catégoriquement, invoquant un "droit historique" sur le Nil, garanti par les traités conclus en 1929 et 1959, alors que l’Ethiopie s’appuie sur un accord plus récent, signé en 2010 par six autres pays riverains du Nil et boycotté par le Soudan et l’Egypte.
Pour rappel, la GERD avec ses 155 mètres de hauteur, 1.80 mètres de long et un géant réservoir d’une capacité de 74 milliards de mètres cubes, soit l’équivalent du lac Léman, le plus grand lac d’Europe occidental.
Le remplissage de ce grand réservoir ne manquera pas d’impacter négativement sur le débit du Nil Bleu et du Nil qui alimentent le Soudan et surtout de l’Egypte, qui dépend à 97% de son approvisionnement par les eaux du Nil.