Dans une vidéo de propagande, le groupe dirigé par le chef traditionnel Abubakar Shekau affirme avoir tué des dizaines de villageois du district de Jere, à quelques kilomètres de Maiduguri, la capitale de l'Etat du Borno, pour des motifs de vengeance.
"Vous pensez que vous pouvez livrer nos frères aux mains des soldats et ensuite vivre en paix", lance un jihadiste, le visage recouvert d'un turban bleu et blanc, sans mentionner à quels combattants il fait référence.
Samedi, des dizaines de personnes qui travaillaient dans une rizière proche du village de Zabarmari ont été sauvagement égorgées.
Les autorités locales qui annonçaient un premier bilan de 70 morts ont fait savoir mardi que 76 corps avaient été enterrés jusqu'à présent.
"43 corps ont été enterrés dimanche et 33 autres ont été enterrés hier (lundi)", a déclaré à l'AFP le ministre local de l'information, Babakura Abba Jatau.
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"Les habitants du village de Zabarmari ont dit que beaucoup d'autres corps pourraient toujours se trouver dans la rizière", a-t-il ajouté.
L'ONU avait avancé dimanche un bilan de 110 morts, mais est revenue lundi sur ce nombre, préférant ensuite confirmer "plusieurs dizaines" de morts.
Les recherches étaient toujours en cours mardi, et des équipes parcouraient les champs à pieds et avec des tracteurs pour trouver d'autres victimes.
"C'est très dangereux", confiait Abdullahi Umar, l'un des membres de l'équipe de secours. "La rizière n'est pas loin de la forêt de Sambisa", bastion du groupe jihadiste dirigé par Abubakar Shekau.
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Le nord-est du Nigeria est en proie à l'insurrection du groupe Boko Haram depuis 2009. Mais en 2016, le groupe s'est divisé en deux factions: celle d'Abubakar Shekau et l'Etat islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap), affiliée à l'EI qui cible davantage les forces armées que les civils.
Le conflit a fait 36.000 morts et plus de deux millions de personnes ne peuvent toujours pas regagner leur foyer.
La situation humanitaire dans la région du lac Tchad est dramatique et a été récemment aggravée par de mauvaises récoltes et les restrictions liées au coronavirus.
Environ 4,3 millions de personnes ont été victimes d'insécurité alimentaire en juin 2020, durant la période de soudure. L'ONU estime que 5,1 millions de personnes se trouveront en insécurité alimentaire en juin prochain.