Situation explosive en Centrafrique, la Russie envoie plusieurs centaines de soldats

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Le 21/12/2020 à 08h52, mis à jour le 21/12/2020 à 09h01

Des groupes armés centrafricains ont entamé une offensive contre les forces gouvernementales à quelques jours de la présidentielle. La Russie aurait envoyé des centaines de soldats, alors que l'ONU affirme que la situation est sous contrôle.

Deux jours après le début d'une offensive des groupes armés, les tensions sont vives en Centrafrique, où le gouvernement a accusé mercredi François Bozizé, exclu du scrutin par la Cour constitutionnelle, de préparer un "plan de déstabilisation du pays" tandis que l'opposition craint des fraudes massives aux élections.

"Le G5+ considère que les élections doivent se tenir le 27 décembre 2020 dans le respect des délais constitutionnels et condamne toutes les manœuvres et tentatives d’engager le pays vers une nouvelle transition politique en violation de la Constitution centrafricaine", ont ajouté les signataires.

La Centrafrique a été ravagée par la guerre civile après qu'une coalition de groupes armés à dominante musulmane, la Séléka, a renversé le régime de François Bozizé en 2013. Les affrontements entre Séléka et milices chrétiennes et animistes antibalaka avaient fait des milliers de morts.

- Combattants russes -

Des combattants de compagnies de sécurité privées russes sont entrés en action contre les rebelles à Mbaïki, selon des sources humanitaires et sécuritaires."Nos soldats sont en alerte générale, appuyés par la Minusca, la Fédération de Russie et le Rwanda pour sortir de cette crise", a déclaré samedi Faustin Archange Touadéra face à ses partisans. Dans un communiqué de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), qui regroupe trois des principaux groupes armés du pays, les rebelles ont admis dimanche "de nombreuses pertes en vies humaines et de nombreux blessés" dans leurs rangs. C'est dans ce contexte potiellement explosif que la Russie, déjà très présente dans le pays notamment avec la milice privée Wagner, s'est renforcée avec plusieurs centaines de soldats envoyés récemment. C'est en effet, ce qu'a annoncé aujourd'hui lundi le gouvernement centrafricain, trois jours après le début d'une offensive de trois groupes armés qualifiée de "tentative de coup d'Etat" par Banqui, à moins d'une semaine des élections présidentielle et législatives.

"La Russie a envoyé plusieurs centaines d'hommes des forces régulières, et des équipements lourds" dans le cadre d'un accord de coopération bilatérale, a déclaré à l'AFP Ange Maxime Kazagui, porte-parole du gouvernement centrafricain. "Les Rwandais ont également envoyé plusieurs centaines d'hommes qui sont déjà sur le terrain et ont déjà commencé à combattre" a-t-il ajouté.

- Situation sous contrôle selon l'ONU -

Quant à l'Onu, dont une importante mission de paix est déjà présente dans le, elle affirme que la situation est toujours sous contrôle.

La situation est "sous contrôle" en Centrafrique, a assuré dimanche soir à l'AFP le porte-parole de la force de l'ONU dans le pays après le début d'une offensive de rebelles, tandis qu'une coalition de l'opposition "exige le report des élections" du 27 décembre.

Vendredi soir, trois des plus puissants groupes armés qui occupent plus des deux-tiers du pays avaient commencé à progresser sur des axes routiers vitaux pour l'approvisionnement de la capitale Bangui. Ils avaient en outre annoncé leur fusion.Dans la foulée, le gouvernement a accusé samedi l'ex-chef de l'Etat François Bozizé de "tentative de coup d’Etat" avec une "intention manifeste de marcher avec ses hommes sur la ville de Bangui" en cette période électorale. Les élections présidentielle, avec pour favori le président sortant Faustin Archange Touadéra, et législatives sont prévues dimanche prochain.

Le parti de François Bozizé a démenti dimanche toute tentative de coup d'Etat.La France, la Russie, les Etats-Unis, l'Union européenne et la Banque mondiale ont appelé dimanche François Bozizé et les groupes armés à déposer les armes.Ces pays et institutions partenaires de la Centrafrique, membres du G5+, "demandent que Bozizé et les groupes armés alliés déposent immédiatement les armes, s’abstiennent de toute action de déstabilisation et respectent la décision de la Сour constitutionnelle du 3 décembre 2020", ont déclaré les signataires dans un communiqué commun publié dimanche. Selon le porte-parole de la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca), Vladimir Monteiro, les rebelles ont été bloqués ou repoussés dans plusieurs localités.A Yaloké, à 220 km de Bangui, "les groupes armés ont quitté la ville", a-t-il affirmé à l'AFP.Les groupes armés ont également perdu du terrain dans deux autres localités et "la Force a envoyé des Casques bleus à Mbaïki, à 110 km au sud-ouest de Bangui, où il y a eu des affrontements samedi (…), pour bloquer des éléments armés", a-t-il poursuivi, concluant: "la situation est sous contrôle".Mais des éléments des groupes armés sont toujours présents aux abords de Bossembélé et Bossemptélé, selon des sources sécuritaires et humanitaires.Arguant dimanche du contexte sécuritaire, la Coalition de l'opposition démocratique (COD-2020), dont l'ancien président François Bozizé était le chef de file jusqu'à récemment, "exige le report des élections (...) jusqu'au rétablissement de la paix et de la sécurité".La coalition, qui regroupe les plus importants partis et mouvements de l'opposition au président sortant, réclame en outre "la convocation sans délai" des "forces vives de la Nation".Le président sortant a affirmé samedi que les élections se tiendraient bien: ces événements n'empêcheront pas le déroulement du scrutin car "l'Autorité nationale des élections et la Cour constitutionnelle ont assuré que les élections vont se tenir dans les temps", a-t-il dit lors d'un meeting électoral à Bangui.

L'ONU n'a de son côté communiqué aucun bilan.Pour l'élection présidentielle du 27 décembre, François Bozizé avait tenté un retour en politique en se déclarant candidat à la présidentielle. Il faisait figure de principal concurrent au chef de l’État. Mais la Cour constitutionnelle a invalidé sa candidature, estimant qu'il était sous le coup de sanctions des Nations unies en raison de son soutien présumé à des groupes armés responsables de "crimes de guerre" et de "crimes contre l'Humanité".

La Centrafrique, un pays de 4,9 millions d’habitants classé parmi les plus pauvres du monde mais riche en diamants et en bétail, a été ravagée par la guerre civile après qu'une coalition de groupes armés à dominante musulmane, la Séléka, a renversé François Bozizé en 2013. Depuis 2018, la guerre a évolué en un conflit de basse intensité, dans lequel les groupes armés se disputent le contrôle des ressources du pays, tout en perpétrant régulièrement des exactions contre les populations civiles.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 21/12/2020 à 08h52, mis à jour le 21/12/2020 à 09h01