Afrique: voici les élections présidentielles au programme en 2021

Quelques président africains qui remettent leur mandat en jeu.

Quelques président africains qui remettent leur mandat en jeu. . DR

Le 04/01/2021 à 15h45, mis à jour le 05/01/2021 à 22h27

Des dinosaures, des démocrates confirmés... 2021 sera marquée, comme l’année écoulée par de nombreuses échéances électorales. Une chose est sure, parmi les 12 pays qui connaitront des échéances électorales, très peu sont ceux qui iront vers une alternance au pouvoir.

Comme en 2020, 2021 sera rythmée par des échéances électorales au sommet de nombreux pays africains. En tout, des élections au sommet de l’Etat sont prévues dans 12 pays du continent. Si les élections présidentielles sont un signe de démocratie, force est de noter qu’il est très peu probable qu’on enregistre des alternances démocratiques durant ces élections, à l’exception du Cap Vert, l’un des pays où la démocratie est la plus ancrée du continent avec des alternances au sommet de l’Etat.

En effet, le recul démocratique est notable au niveau du continent comme en attestent les modifications des constitutions de plusieurs pays dont l'unique but est de permettre aux chefs d’Etat de s’éterniser au pouvoir. En clair, les élections sont parées du manteau de la démocratie, mais n'en sont pas tant.

Ouganda (14 janvier 2021): Yoweri Museveni, l’ancien rebelle brigue un 6e mandat

Yoweri Musoveni, président de l'Ouganda.

L’ancien rebelle marxiste, devenu autocrate, compte encore rester au pouvoir. Candidat à sa propre succession pour un 6ème mandat consécutif, Museveni, âgé de 76 ans dont 34 ans au pouvoir, compte se faire réélire président, le 14 janvier courant.

Et pour y arriver, il multiplie les répressions à l’encontre des opposants dont particulièrement Robert Kyagulanyi, alias Bobi Wine, son principal rival. Le jeune chanteur de 38 ans, icône de la jeunesse du pays, subit arrestations et passages à tabac de la part des sécuritaires du régime dans el but de le museler, même durant la campagne présidentielle.

Somalie (8 février 2021): des élections cruciales pour l’avenir du pays

Malgré la crise et l’insécurité, les Somaliens sont appelés aux urnes le 8 février pour élire leur président. Et pour la première fois depuis 1986, l’élection de 2021 se fera au suffrage universel direct. L’organisation de l’élection se fera certainement dans des conditions difficiles à cause des violences des Shebabs.

Ce pays riche en ressources (pétrole offshore, minérales et halieutiques) et qui dispose du second cheptel mondial derrière l’Australie, a besoin de stabilité pour tourner la page de violences, éviter la dislocation du pays et exploiter ses importantes ressources.

Djibouti (avril 2021): Guelleh pour se succéder à lui-même

Ismaïl Oumar Guelleh, Président de Djibouti

Ismaïl Omar Guelleh, au pouvoir depuis 1999, a officialisé sa candidature à la présidentielle d’avril prochain. A 73 ans, il envisage de briguer un nouveau mandat à la tête de ce petit pays qui bénéficie d’une position stratégique et devrait se faire réélire sans difficulté.

Tchad (11 avril 2021): le Maréchal Déby pour un nouveau bail de 6 ans

Le président Idriss Déby Itno élevé à la dignité du Maréchal du Tchad.

Les Tchadiens sont appelés aux urnes le 11 avril prochain pour élire leur président. Et tout semble indiquer qu’Idriss Déby Itno, élu président à 5 reprises après sa première prise du pouvoir par la force en 1990, sera réélu pour un 6ème mandat à la tête du pays, après une modification de la Constitution en 2018 lui permettant d’être éligible pour deux autres mandats. Pour cette élection, l’âge minimum requis pour être candidat au poste de locataire du «Palais rose» a été fixé à 40 ans.

Bénin (11 avril 2021): un symbole de la démocratie africaine en danger

Patrice Talon, président du Bénin.

C’est le 11 avril prochain que la présidentielle béninoise se déroulera avec plusieurs inconnues. Si la candidature du président sortant Patrice Talon pour un second mandat ne fait pas l’ombre de doute, et bénéficie du soutien de l’Union progressiste et du Bloc républicain, les deux partis de la mouvance présidentielle, l’inconnue reste à savoir qui sont les candidats qui lui feront face. En effet, ses deux principaux challengers possibles, Sébastien Ajavon et Lionel Zinsou, sont condamnés et sont actuellement en exil. Autre obstacle, les règles électorales ont été modifiées en 2019 et les candidats à la présidentielle doivent désormais obtenir le parrainage de députés et d’élus locaux. Ce qui va constituer un obstacle aux candidats sachant que l’opposition avait boycotté les législatives passées.

En clair, Talon, démocratiquement élu en 2016, a fait le vide autour de lui pour s’assurer d’un second mandat.

Congo (21 mars 2021): Après 35 ans au pouvoir, Sassou Nguesso partant

Sassou Nguesso, 76 ans dont 35 ans en tant que président du Congo, a été désigné par le parti au pouvoir, Parti congolais du travail (PCT), en tant que candidat du parti à la présidentielle. Il part ainsi grand favori de cette élection pour briguer un 4e mandat consécutif.

Après le changement constitutionnel, le président Sassou Nguesso a le droit de se représenter à la présidentielle de 2021 et pour la dernière fois à celle de 2026.

Ethiopie (5 juin 2021): une élection législative cruciale pour désigner un premier ministre

Abiy Ahmed, Premier ministre d'Ethiopie.

L’élection législative du 5 juin prochain est cruciale. Celle-ci, prévue auparavant en août 2020 avant d’être décalée à cause du Covid-19, suscitant des tensions au Tigré, cette législative est jugée cruciale pour la transition politique de l’Ethiopie. La prochaine élection se déroulera de manière libre, juste et démocratique, a promis Abiy Ahmed. Ce sont les 547 élus de la chambre basse du Parlement qui désigneront le premier ministre qui détient les pouvoirs exécutifs les plus élevés du pays.

Le premier ministre qui sera désigné à la suite de cette élection aura la lourde tâche de faire face aux insuffisances de cette démocratie fédérale ethnique de plus de 110 millions d’habitants.

Zambie (août 2020): Lungu et Hichelema pour la dernière

Edgar Lungu, président de la Zambie.

Le président Edgar Lungu est candidat à l’élection présidentielle de cette année malgré la contestation de sa candidature par l’opposition. Il devra affronter, une fois de plus, son challenger de 2016, Hakainde Hichilema qu’il avait battu de justesse lors de la présidentielle de 2016.

Cap-Vert (octobre 2021): un des rares modèles de démocratie et d’alternance

Le Cap Vert est avec le Ghana, le Bénin, le Botswana… l’un des rares modèles de démocratie en Afrique. Et pour l’élection présidentielle de cette année, comme le prévoit la Constitution, le président actuel, Jorge Carlos Fonseca, cédera sa place après deux mandats à la tête du pays.

Rappelons qu’au Cap Vert, c’est le premier ministre qui détient l’essentiel du pouvoir. Les élections législatives sont prévues au mois de mars prochain. Le Mouvement pour la démocratie (MpD) d’Ulisses Correia e Silva, l’actuel premier ministre, sera confronté au chef de fil du Parti africain pour l’indépendance du Cap-Vert (PaiCV).

Gambie (4 décembre 2021): Adama Barrow cherche à se légitimer

Adama Barrow, président de la Gambie.

Les Gambiens sont appelés aux urnes le 4 décembre 2021 pour élire leur président. Une présidentielle à laquelle le président actuel Adama Barrow est naturellement candidat. Barrow, qui avait battu Yahya Jammeh lors de l’élection de fin 2016, a changé la constitution et compte se faire élire pour un second bail de 5 ans.

A noter que le président gambien est élu au scrutin uninominal majoritaire à un seul tour pour un mandat de 5 ans, sans limitation du nombre de mandats.

Libye (24 décembre 2021): une élection pour tourner la page du chaos post-Kadhafi

La Libye compte élire, pour la première fois de son histoire, un président. La date de cette élection est programmée pour le 24 décembre 2021, en même temps que les législatives.

Si les protagonistes -le Gouvernement d’union nationale (GNA) de Tripoli et le camp du maréchal Khalifa Haftar dans l’est- sont tombés en novembre 2020 sur la tenue de cette présidentielle, le format proposé avec des élections générales -législatives et une présidentielle- laisse de nombreux observateurs sceptiques à cause des divisions entre les protagonistes.

Par Moussa Diop
Le 04/01/2021 à 15h45, mis à jour le 05/01/2021 à 22h27