Des ballons de plusieurs mètres de diamètre flottaient au-dessus de l'esplanade du Palais des congrès de Brazzaville recouverte de deux portraits géants du président candidat.
"Un coup, K-O", proclament les affiches de campagne du candidat du Parti congolais du travail (PCT) pour marquer sa volonté d'être réélu dès le premier tour, comme en 2016, face à ses six rivaux.
"La jeunesse qui gagne avec DSN" (ses initiales), proclamaient banderoles et affiches.
Denis Sassou Nguesso s'est targué de l'envoi de plus de mille jeunes "à Cuba en formation de médecine pour la santé de notre population".
"Cette politique en faveur des jeunes va se poursuivre avec force et vigueur au cours du prochain mandat", avec eux le pays va "s'organiser pour produire ici au Congo des poulets, des œufs", au lieu d'en importer, a-t-il promis.
La "galère" et les questions économiques hantent les esprits des cinq millions d'habitants de ce pays pétrolier qui anticipait un recul de 9% de son PIB avec le Covid-19.
Lire aussi : Présidentielle au Congo: le vieux président face aux attentes de la jeunesse
Avant même la crise sanitaire, le PIB par habitant plafonnait à 2.279 dollars en 2019, contre 3.922 dollars en 2012 à l'époque de l'euphorie pétrolière, selon la Banque mondiale.
Face à l'impasse du tout-pétrole, Sassou Nguesso a axé sa campagne sur la jeunesse et l'agriculture au cœur de sa campagne, jugeant "honteux" que le pays importe l'essentiel de ce qu'il consomme.
"Le président reconnaît d'une certaine façon son propre échec", cingle l'activiste Franck Nzila.
"Processus électoral apaisé"
Le climat paraît moins lourd qu'il y a cinq ans. Il y a quelques jours, Frédéric Bintsamou a estimé que l'élection "ne doit pas être l'occasion de réveiller les vieux démons de la division".
Celui qui est plus connu sous le nom de pasteur Ntumi, 56 ans, avait pris les armes dans la région du Pool (Sud) après la réélection contestée de Sassou Nguesso en mars 2016. Les forces régulières avaient contre-attaqué dans un conflit à huis clos qui avait déplacé 140.000 personnes, selon des sources humanitaires.
Lire aussi : Présidentielle au Congo: l'appel à la paix de l'ex-rebelle Ntumi
Les autorités avaient annoncé un cessez-le-feu en décembre 2017.
Les partisans des principaux rivaux du président sortant, deux de ses anciens ministres passés à l'opposition, Guy-Brice Parfait Kolélas et Mathias Dzon, se sont également réunis pour clôturer leur campagne par des meetings à Brazzaville.
Arrivé deuxième il y a cinq ans, Kolélas s'est engagé à libérer les deux candidats de 2016 condamnés en 2018 à 20 ans de prison pour "atteinte à la sûreté de l'État", le général Jean-Marie Mokoko et André Okombi Salissa.
Dans le bastion de Kolélas, la région du Pool, un homme de 51 ans soupirait en attendant pendant des heures un train de marchandises pour parcourir 18 km. "Nous voulons le changement", a-t-il dit.
La conférence épiscopale a déjà émis de "sérieuses réserves" sur la transparence du scrutin. L'Église catholique, qui s'est vu refuser l'accréditation de ses observateurs, redoute une coupure internet dès dimanche, comme en 2016.
Lire aussi : Présidentielle au Congo: voici les sept candidatures validées
La conférence épiscopale veut cependant tester une application pour ordinateur et smartphone qui doit permettre de télécharger les procès-verbaux de tous les bureaux de vote pour avoir une idée en temps réel de la vérité des urnes - sauf en cas de coupure internet.
Comme à chaque élection en Afrique centrale, des voix interpellent la France, ancienne puissance coloniale et principal bailleur.
Dans une déclaration de son porte-parole, le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres "appelle toutes les parties prenantes à œuvrer en faveur d'un processus électoral apaisé".
Sassou Nguesso a pris le pouvoir en 1979. Il a été battu lors des premières élections pluralistes de 1992 par Pascal Lissouba.
Mais ce très rare exemple d'alternance pacifique en Afrique centrale a pris fin en 1997 avec le retour au pouvoir de Sassou Nguesso, après une guerre civile avec les forces de Lissouba. En 2015, il a fait sauter le verrou constitutionnel qui limitait à deux le nombre de mandats présidentiels.
Depuis des années, le pouvoir fait également parler de lui en raison d'une enquête retentissante en France. En 2017, des proches du président congolais y ont été mis en examen pour "blanchiment de détournement de fonds publics" dans l'affaire dite des "biens mal acquis", qui vise également les familles au pouvoir au Gabon et en Guinée Équatoriale.