Le 4 novembre, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a annoncé l'envoi de l'armée fédérale au Tigré pour arrêter et désarmer les dirigeants du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), parti au pouvoir dans cette région du nord du pays. Il accusait les forces du TPLF d'avoir mené des attaques contre des camps militaires.
M. Abiy a déclaré la victoire le 28 novembre, mais les combats se poursuivaient encore récemment dans le centre et le sud du Tigré, affirme l'International Crisis Group (ICG) dans ce rapport intitulé "La guerre au Tigré: une impasse meurtrière et dangereuse", publié près de cinq mois après le début du conflit.
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Même si l'armée éthiopienne est appuyée par des forces venues d'Érythrée, pays frontalier du Tigré au nord, et de la région éthiopienne de l'Amhara, qui borde le Tigré au sud, la plupart des dirigeants du TPLF sont en fuite et aucun d'entre eux n'a été capturé ou tué en février ou mars, relève cette organisation de prévention des conflits.
Selon elle, le nombre de combattants fidèles au TPLF est même probablement en augmentation, en raison de la colère engendrée par les atrocités (massacres, viols, pillages...) dont sont accusées les forces pro-gouvernementales. Ils se sont regroupés au sein des Forces de défense du Tigré, un mouvement armé "mené par les dirigeants tigréens qui ont été expulsés et commandé par d'anciens (officiers militaires) de haut rang".
Cette résistance est "enracinée" et bénéficie du soutien de la population, indignée par les massacres et les viols, dont ceux commis par les Érythréens, ennemis acharnés du TPLF, estime l'ICG.
"Des négociations de paix semblent loin. Sur le champ de bataille, les deux camps cherchent un coup de grâce, mais aucun des deux ne peut réellement espérer le réaliser", ajoute l'ICG, qui appelle les États-Unis, l'Union européenne et l'Union africaine à faire pression pour une fin des hostilités et un accès humanitaire élargi.
Confronté à une pression internationale croissante, Abiy Ahmed a déclaré la semaine dernière que les troupes érythréennes se retireraient du Tigré. Mais le chef par intérim de la région, Mulu Nega, a affirmé cette semaine à l'AFP que ce retrait était "un processus" et qu'il ne se produirait pas immédiatement.
Mulu Nega, nommé par M. Abiy, a précédemment reconnu que les Tigréens avaient des "sentiments mitigés" sur la présence de son administration dans la région. Mais lui et d'autres dirigeants jugent erronée l'hypothèse selon laquelle le TPLF bénéficie d'un large soutien populaire, et minimisent son potentiel à organiser une insurrection efficace.