Algérie: arrestation de huit militants "financés" par "un grand pays étranger"

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Le 20/04/2021 à 19h46, mis à jour le 20/04/2021 à 19h46

Huit personnes associées au mouvement de contestation populaire en Algérie ont été arrêtées pour activités subversives financées par une chancellerie "d'un grand pays étranger", a indiqué mardi la Direction générale de la sécurité nationale (DGSN).

"Les services de sécurité ont arrêté une association criminelle composée de huit personnes âgées de 26 à 60 ans actives sous couvert d'une association culturelle, non agréée, à Bab El Oued", quartier populaire d'Alger, a précisé la DGSN dans un communiqué.

Cette association a acquis du matériel technologique moderne grâce "au financement d'une représentation diplomatique à Alger d'un grand pays étranger", a-t-elle ajouté sans identifier ce pays.

Le financement a permis à l'association "de produire films, documents provocateurs" et "tracts appelant à la violence" durant les manifestations du mouvement antipouvoir, Hirak, d'après le texte. Les responsables de l'association "ont reconnu ce financement sous couvert d'activités culturelles", selon la même source.

Sur une photo relayée sur les réseaux sociaux, on voit des hommes menottés de dos, la tête baissée, entre deux policiers, derrière le matériel saisi.

L'association n'est pas nommée mais le même jour des militants de SOS Bab El Oued, parmi lesquels son président Nacer Maghnine, ont été présentés au procureur du tribunal de Bab El Oued, selon le Comité national de libération des détenus (CNLD). M. Maghnine a été placé sous mandat de dépôt.

Les militants avaient été arrêtés lors d'une manifestation vendredi à Alger.

Après ces arrestations, le siège de l'association "SOS Bab El Oued" a été perquisitionné, et "677 banderoles, sept ordinateurs, une caméra numérique ultra-moderne, 3 scanners et 12 imprimantes ont été saisis", d'après le CNLD.

Selon le collectif des avocats de la défense, une partie des financements reprochés aux accusés remonterait à 2019.

Marches étudiantes

Début avril, le président Abdelmadjid Tebboune a mis en garde les manifestants du Hirak contre tout "dérapage" et des "activités non innocentes".

A l'approche des élections législatives anticipées en juin, le pouvoir semble déterminé à serrer la vis à l'encontre des militants antipouvoir qui appellent à boycotter les urnes.

Le CNLD a fait état d'une dizaine d'interpellations mardi avant la marche hebdomadaire des étudiants devant l'université de Tizi Ouzou, en Kabylie (nord-est).

D'autres marches ont été organisées en Kabylie, à Bejaïa et Bouira, à l'occasion du 20e anniversaire du "Printemps noir", des émeutes nées de la mort d'un lycéen dans une gendarmerie, réprimées dans le sang (126 morts).

A Alger, quelque 200 manifestants ont défilé pour réclamer la libération des détenus d'opinion; "Libérez nos enfants pour qu’ils jeûnent avec nous" durant le ramadan.

"Macron ennemi du peuple algérien", pouvait-on lire sur une pancarte en allusion au président français Emmanuel Macron. La France est régulièrement accusée par les protestataires de soutenir Tebboune, conspué dans les cortèges.

Né en février 2019 du rejet massif d'un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika, le Hirak réclame un changement radical du "système" politique en place depuis l'indépendance en 1962.

Il est aujourd'hui accusé par le pouvoir d'être infiltré par des activistes islamistes, héritiers du Front islamique de salut (dissous), qui chercheraient à entraîner le Hirak dans la confrontation violente.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 20/04/2021 à 19h46, mis à jour le 20/04/2021 à 19h46