Le détonateur de ces violences, lancées le 9 juillet, a été l'incarcération de M. Zuma, 79 ans, dans une affaire distincte où il a été condamné pour outrage à la justice. Pillages et incendies, concentrés d'abord en pays zoulou (est) s'étaient étendus à Johannesburg, capitale économique du pays.
Un calme précaire est revenu le week-end dernier, alors que la facture totale des destructions pourrait s'élever à 50 milliards de rands, soit près de 3 milliards d'euros, selon le cabinet de conseil Intellidex.
Trois nouveaux morts ont été rapportés par le gouvernement lundi, portant le bilan total à 215 décès.
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A Johannesburg, la situation est "complètement stabilisée", tandis que dans le Kwazulu-Natal (KZN, est), où aucun nouveau pillage n'est à déplorer, ell est "stable", a détaillé la ministre Khumbudzo Ntshavheni lors d'un point-presse.
Six personnes, soupçonnés d'avoir provoqué ces violences, ont été arrêtées à ce jour, a-t-elle ajouté, sans préciser leur identité.
Les partisans de M. Zuma sont accusés d'avoir fomenté le chaos de ces derniers jours, que le président Cyril Ramaphosa a qualifié de tentative "planifiée" de déstabiliser le pays.
Dans la matinée, en dépit de la virtualité de l'audience, soldats et policiers étaient positionnés en force devant le tribunal de Pietermaritzburg, capitale du KZN, selon l'AFP sur place. Mais, il n'y avait pas l'ombre d'un manifestant.
Costume sombre et cravate rouge, M. Zuma est apparu à l'écran depuis sa prison d'Estcourt, à moins d'une centaine de km.
Le procès virtuel, permettant de ne pas déplacer M. Zuma de prison, visait à éviter davantage de "perturbations", avait expliqué le parquet général.
Mais les avocats de l'ex-président charismatique ont demandé un report de plusieurs semaines, plaidant que cette forme privait leur client de ses droits, notamment celui de consulter son équipe de défense pendant l'audience.
Le juge Piet Koen Judge devait se prononcer sur cette requête mardi à 8h00 GMT.
- "Encore une ruse" -
M. Zuma doit répondre de seize chefs d'accusation de fraude, corruption et racket liés à l'achat, en 1999, de matériel militaire auprès de cinq sociétés d'armement européennes, alors qu'il était vice-président.
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Il est accusé d'avoir empoché plus de quatre millions de rands (soit 235.000 euros au taux actuel), notamment du groupe français Thales qui était une des entreprises attributaires du juteux contrat d'une valeur globale d'environ 2,8 milliards d'euros.
Le géant français de la défense est également poursuivi pour corruption et blanchiment. M. Zuma, comme Thales, ont toujours nié ces accusations.
La fondation de M. Zuma avait déjà réclamé samedi une audience physique ou un report du procès à une date où "les conditions dans le pays seraient plus sereines".
M. Zuma, en dépit de nombreux scandales de corruption qui ont entaché sa présidence, conserve une réelle influence, y compris au sein de l'ANC, le parti historique au pouvoir.
Ce procès a déjà été plusieurs fois reporté, l'ex-président multipliant les recours. Lors de la précédente audience en mai, M. Zuma avait plaidé non coupable.
Ses avocats réclament aussi la récusation de l'avocat du ministère public, Billy Downer, l'accusant de partialité et d'avoir divulgué des éléments du dossier à la presse.
Wim Trengove, pour l'accusation, a rejeté lundi ces arguments, affirmant que cette requête était "encore une nouvelle ruse" du camp Zuma pour "ressasser de vieilles complaintes".
M. Zuma avait été contraint en 2018 à la démission. Deux ans plus tôt, un rapport détaillait ad nauseam comment une fratrie d'hommes d'affaires, les Gupta, avait pillé les ressources publiques sous sa présidence (2009-2018).