Ethiopie: des rebelles tigréens ont violé et battu des femmes en Amhara, selon Amnesty

DR

Le 10/11/2021 à 08h37, mis à jour le 10/11/2021 à 08h41

Des combattants tigréens ont violé, battu et volé plusieurs femmes en août dans la région de l'Amhara, touchée ces derniers mois par la guerre opposant rebelles et forces gouvernementales dans le nord de l'Ethiopie, selon une enquête d'Amnesty International publiée mercredi.

L'ONG a recueilli les témoignages de 16 femmes qui disent avoir été victimes d'exactions de la part de combattants du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) à leur passage dans la localité amhara de Nifas Mewcha, entre le 12 et le 21 août.

Elles les ont identifiés comme des combattants tigréens en raison de leur accent et des insultes ethniques qu'ils proféraient, certains affirmant également être membres du TPLF.

Quatorze de ces 16 femmes ont dit avoir été victimes de viols collectifs. Parmi elles, Gebeyanesh, 30 ans, raconte avoir été violée devant ses enfants de neuf et 10 ans.

"Trois d'entre eux m'ont violée pendant que mes enfants pleuraient (...) (Les rebelles) ont fait ce qu'ils voulaient et sont partis. Ils m'ont aussi agressé physiquement (...) Ils m'ont giflée, m'ont donné des coups de pied. Ils pointaient leurs armes comme s'ils allaient me tirer dessus", raconte cette vendeuse de nourriture.

Hamelmal raconte elle avoir été violée par quatre combattants du TPLF. "Celui qui m'a violée en premier est leur supérieur. Il disait: 'Les Amhara sont des ânes, les Amhara ont massacré notre peuple, les forces de défense fédérales ont violé ma femme, maintenant nous pouvons vous violer comme nous voulons'", détaille-t-elle.

Une autre a relaté que ses agresseurs, après l'avoir violée, l'ont tabassée avec les crosses de leurs fusils et qu'elle est "restée inconsciente pendant plus d'une heure".

"Actes ignobles"

Plusieurs indiquent que leurs agresseurs se sont emparés de nourriture, de bijoux, téléphones ou d'argent liquide.

Amnesty a aussi interrogé le directeur de l'hôpital de Nifas Mewcha et des responsables locaux et régionaux ayant connaissance de ces faits.

Les autorités de la région d'Amhara affirment que 71 femmes ont été violées durant cette période. Le ministère éthiopien de la Justice fait lui état de 73 cas.

Les "actes ignobles" recensés par l'ONG "constituent des crimes de guerre et potentiellement des crimes contre l'humanité", a jugé la secrétaire générale d'Amnesty, Agnès Callamard.

Le TPLF n'était pas joignable mardi pour un commentaire.

Le conflit qui ravage depuis un an le nord de l'Éthiopie est jalonné de récits d'exactions visant les civils de la part de combattants des deux camps.

La guerre a débuté en novembre 2020 quand le Premier ministre Abiy Ahmed a envoyé l'armée au Tigré pour destituer les autorités régionales issues du TPLF, qu'il accusait d'avoir attaqué des bases militaires.

Le prix Nobel de la paix 2019 avait déclaré la victoire après la prise de la capitale régionale, Mekele, fin novembre.

Mais les combattants du TPLF ont repris en juin l'essentiel du Tigré, puis avancé dans les régions voisines de l'Afar et de l'Amhara. Ils affirment aujourd'hui se trouver à environ 300 km de la capitale Addis Abeba.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 10/11/2021 à 08h37, mis à jour le 10/11/2021 à 08h41