Vidéo. Niger: un expert de l’ONU exhorte les autorités à créer un environnement favorable à l’espace civique

Le360/ Aboubacar Sarki

Le 17/12/2021 à 10h58, mis à jour le 17/12/2021 à 11h00

VidéoLe rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à la liberté de réunion pacifique et d’association Clément Voulé a rencontré les autorités étatiques et judiciaires du pays, la société civile, les missions diplomatiques et les défenseurs des droits de l'homme.

A la fin d’une visite officielle de 10 jours dans le pays, Clément Voulé a également rencontré la presse locale pour résumer le contenu de la mission. S’exprimant au cours d’une conférence de presse, l’expert a déclaré qu’il était d’une importance vitale d’autoriser les manifestations publiques, qui sont nécessaires pour toute société démocratique, ouverte et inclusive.

L’expert de l’ONU a reconnu que le président de la république du Niger, Bazoum Mohamed, avait récemment consulté la société civile, suscitant l'espoir que l’espace civique serait ouvert, «malheureusement, les récentes interdictions de manifestations organisées par le mouvement "Tournons la page", les 5 et 12 décembre, et les arrestations pour attroupement illégal de leurs membres le 10 décembre à l’occasion de la journée des droits humains mettent en péril cet engagement», a déclaré Clément Voulé.

Et d'ajouter: «Il est inquiétant de constater que depuis 2018, toute demande de manifestation visant à exprimer des points de vue opposés sur la façon dont le pays est gouverné ait été systématiquement interdite avec pour motifs la crise sécuritaire ou l’urgence sanitaire liée à la pandémie du Covid-19».

«Bien que la crise sécuritaire soit préoccupante, elle ne justifie pas à elle seule l’interdiction systématique de manifestations publiques. C’est en période de crise que les citoyens ont le plus besoin de s’exprimer sur la manière dont une telle crise est gérée, à travers l’exercice de leur droit de réunion pacifique», a déclaré l’expert de l’ONU.

«Restreindre les possibilités des gens de se réunir pacifiquement, d’exprimer leurs besoins et leurs aspirations risquerait d’ouvrir une voie indésirable, celle d’une résistance violente. Cela pourrait avoir des conséquences négatives sur le développement durable et les efforts de paix», a souligné Voulé.

Il a déclaré que les autorités doivent également réinstaurer d’urgence un dialogue avec la société civile et les partis politiques sur les enjeux sécuritaires, économiques, sociaux et environnementaux auxquels fait face le pays. Ceci aura l’avantage de renforcer la cohésion sociale, la bonne gouvernance et la participation de toutes les couches sociales à la construction du pays.

Le rapporteur spécial a invité les autorités à s’engager dans un processus d’amendements consensuelles des lois qui restreignent l’espace civique, notamment la loi sur la cybercriminalité et la loi sur les rassemblements publics pour les rendre conformes aux standards internationaux.

«Dans le cadre de l’apaisement social, il est important de procéder à la libération des personnes détenues pour avoir exercé pacifiquement leur droit de manifester, en particulier à la suite des élections présidentielles de février 2021» a-t-il ajouté.

Clément Voulé était au Niger du 06 au 16 décembre dans les villes de Niamey et Zinder. Il présentera un rapport sur sa visite officielle au Conseil des droits de l’homme, en juin 2022.

Par Aboubacar Sarki (Niamey, correspondance)
Le 17/12/2021 à 10h58, mis à jour le 17/12/2021 à 11h00