Elections en Angola: l'opposition conteste la victoire du parti au pouvoir

Le chef du parti de l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (UNITA) et candidat à la présidence, Adalberto Costa Junior, le 22 août 2022 à Luanda.

Le chef du parti de l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (UNITA) et candidat à la présidence, Adalberto Costa Junior, le 22 août 2022 à Luanda.. AFP

Le 30/08/2022 à 09h13

L'opposition en Angola a annoncé contester la victoire du parti au pouvoir aux élections législatives qui ont donné lundi un second mandat au président sortant Joao Lourenço, à l'issue du scrutin le plus serré de l'histoire du pays.

A la tête du pays depuis l'indépendance du Portugal en 1975, le Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA) a recueilli 51,17% des voix, selon les résultats définitifs publiés par la Commission nationale électorale (CNE), contre 43,95% pour le premier parti d'opposition, l'Unita.

L'Unita "ne reconnaît pas les résultats" de la CNE et "déposera un recours qui aura pour effet de suspendre la déclaration des résultats définitifs", a indiqué son secrétaire général, Alvaro Chikwamanga Daniel, dans une déclaration vidéo enregistrée et transmise mardi à l'AFP.

Le parti, mené par le principal opposant, Adalberto Costa Junior, 60 ans, affirme "ne pas avoir été informé de la décision" de la commission d'entériner les résultats, et ne pas avoir reçu de "copie du procès-verbal du dépouillement".

Les candidats ont 72 heures après l'annonce des résultats officiels pour saisir le tribunal constitutionnel.

Quatre des 16 membres de la CNE n'ont pas signé les résultats finaux, exprimant des doutes sur le processus électoral.

Avec la mainmise du parti au pouvoir sur l'organisation du scrutin et les médias publics, l'opposition et une partie de l'opinion publique craignaient des risques de fraude à l'issue du vote, tenu mercredi dernier.

Les observateurs étrangers ont fait part la semaine dernière de leurs "préoccupations" à propos notamment des listes électorales.

L'opposition avait déjà contesté des résultats préliminaires publiés jeudi, affirmant avoir obtenu davantage de voix selon son propre comptage. Ces premier résultats donnaient également le MPLA vainqueur.

Moins de la moitié des quelque 14,4 millions d'inscrits ont participé au vote, où huit partis étaient en lice.

- "Dialogue et concertation" -

Au siège de son parti à Luanda, M. Lourenço s'est félicité d'"une victoire pour l'Angola et les Angolais" à l'issue de ce scrutin, le plus serré de l'histoire du pays dirigé par le MPLA depuis son indépendance du Portugal en 1975.

Il a également promis "le dialogue et la concertation" lors de son second mandat. Il n'y a pas d'élection présidentielle en Angola, la tête de liste du parti vainqueur aux législatives est investie aux fonctions de chef de l'Etat.

Le MPLA, qui enregistre son plus bas score (61% en 2017), conserve la majorité absolue au Parlement avec 124 sièges sur 220. Mais il perd la majorité des deux tiers qui lui permettait jusqu'ici de passer des lois sans le soutien d'un autre parti.

Avec des promesses réformer et d'enrayer pauvreté et corruption, l'opposition a notamment séduit une jeunesse urbaine connectée, notamment dans la circonscription de la capitale où elle a raflé 62,25% des voix.

L'Unita avait déjà contesté les résultats des élections en 2017, repoussant le processus final de plusieurs semaines. La victoire du MPLA et de Joao Lourenço, alors successeur désigné de l'ex homme fort du pays José Eduardo dos Santos, avait finalement été confirmée.

Accusé d'avoir fait main basse sur des pans entiers de l'économie et notamment la manne pétrolière, dos Santos est mort en juillet à Barcelone. Des funérailles nationales ont eu lieu à Luanda la veille de l'annonce des résultats des élections.

Jamais inquiété par la justice, ses proches ont été visés par une vaste opération anti-corruption lancée par M. Lourenço.

Loyal dauphin, ce dernier avait surpris en limogeant de nombreux dirigeants d'institutions et d'entreprises, ainsi que des chefs de l'appareil sécuritaire proches de l'ex-chef de l'Etat. La fille de ce dernier, Isabel dos Santos, a été particulièrement visée.

Beaucoup jugent que cette campagne a été sélective et politiquement motivée, alimentant les divisions au sein du parti au pouvoir. Le clan dos Santos a dénoncé de son côté une "chasse aux sorcières".

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 30/08/2022 à 09h13