Niger: champion africain des mariages précoces et forcés!

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Le 27/04/2016 à 15h56, mis à jour le 27/04/2016 à 19h19

Revue de presseLe Niger bat un triste record. Il trône à la tête des pays africains présentant les taux les plus élevés de mariages forcés dans sa jeune population féminine. Le Burkina Faso et le Mali font mieux, se classant deuxième et troisième d’un classement établi par l’ONG Amnesty International.

Kiosque le360 afrique: Les conclusions du rapport de l’ONG internationale ne sont pas passées inaperçues dans les médias nigériens. «Le Niger est le pays où on a le taux le plus élevé de mariages forcés et précoces en Afrique de l’ouest. Il est suivi du Mali puis du Burkina Faso à la troisième place», indique le site actuniger.com, reprenant les propos de Gaëton Mootoo, chercheur chez Amnesty International et principal auteur du rapport rendu public à Ouagadougou.Selon la publication, qui cite aussi une dépêche d’agence, le Niger figure dans le top 10 des pays où se pratiquent les mariages forcés et précoces dans le continent. Toujours d’après la même source, la situation est quasi similaire au Burkina Faso. «Une femme sur deux au Burkina Faso se marie avant ses 18 ans», dit le rapport.Au total, dans la région du Sahel du Burkina, frontalière du Mali et du Niger, plus de la moitié (51,3 %) des filles âgées de 15 à 17 ans sont déjà mariées. Acrunier.com reprend d’autres déclarations de Gaëtan Mootoo, qui revient sur les facteurs de cette forte prévalence du mariage forcé au Niger et dans ces pays.L’auteur du rapport indique en effet que les familles donnent leurs filles en mariage afin de renforcer des «alliances familiales, acquérir un statut social ou en échange de biens, d’argent et de services». Le rapport évoque aussi la pratique du «Pog-lenga» ou «femme bonus» (en langue mooré, la plus parlée dans le pays) dans certaines régions, où la nouvelle épouse peut amener sa nièce dans la famille de son mari comme une jeune fille en plus à donner en mariage.Le journal indique qu’Amnesty international a recueilli les témoignages de dizaines de jeunes filles mariées sous la contrainte des parents, souvent des pères. «Les jeunes filles résistent de plus en plus à ces mariages précoces et forcés, et, fait encourageant, elles sont soutenues par leurs mères qui ont souvent vécu la situation et veulent l’éviter à leurs filles.Mais les hommes font pression sur leurs épouses pour qu’elles obligent leurs filles à accepter le mari que les pères ont déjà choisi pour elles», ont expliqué les auteurs du rapport, repris par le journal électronique nigérien.La publication rapporte aussi les commentaires du directeur Afrique de l’ouest et du centre d’Amnesty international, Alioune Tine, qui pense qu'il est crucial que les gouvernements des différents pays indexés respectent le droit qu’ont les jeunes filles de prendre leurs propres décisions concernant leur corps, leur vie et leur futur. Comme s’il suffisait d’influencer les politiques publiques pour mettre fin à certaines pratiques sociales…

Par Souleymane Baba Toundé (Lagos, correspondance)
Le 27/04/2016 à 15h56, mis à jour le 27/04/2016 à 19h19