Les constats amers de Mme Habré à 72 heures du verdict du procès de son mari

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Le 27/05/2016 à 18h48

Hissein Habré sera fixé sur son sort ce lundi 30 mai. A trois jours de ce verdict, l’épouse de l’ancien président tchadien, Fatime Raymonne Habré, accuse un système qui a «condamné d’avance» son mari.

L’épilogue du procès de Hissein Habré devrait être connu ce lundi 30 mai. A 72 heures de ce verdict tant attendu par les victimes, mais tant redouté par le camp Habré, l’épouse de l’ex-président tchadien, Fatime Raymonne Habré, ne se fait guère d’illusion.«La condamnation qui sera prononcée sera celle que Macky Sall (le président sénégalais) aura approuvé», dit-elle dans un entretien accordé au quotidien «Le Populaire» dans son édition du jour, dénonçant «un système ayant condamné d’avance» son mari«Si vous êtes dans un système qui ne fonctionne que pour vos ennemis, pour les protéger, les aider à marcher sur vous, à vous détruire, ce système est-il démocratique?», s’interroge Mme Habré, dans une allusion visant clairement les autorités sénégalaises.D’où ce constat amer : «on a réalisé qu’on pouvait vivre 25 années dans un pays, n’avoir aucun droit, et finalement se retrouver en prison». Elle est convaincue que l’ensemble du système (médias, justice, politiciens, lobbys étrangers) s’était mis en branle pour «fragiliser notre position dans ce pays, maintenir l’affaire Habré au devant de l’actualité et permettre aux politiciens d’avancer vers le procès».Les ONG n’échappent pas à ce réquisitoire de la dame de l’ex-homme fort de N’Djamena : «pour ces dernières, le dossier Habré a été une énorme manne financière».Mme Habré conclut par cette phrase reprise en boucle depuis des mois par les avocats de son mari: «tous ceux qui ont suivi ce procès savent qu’il n’a été ni juste ni équitable».Pour les autorités sénégalaises et les associations de défense des droits des victimes, le procès Habré marque «un tournant dans la lutte contre l’impunité des puissants pour les crimes les plus graves». Il témoigne aussi du «courage des survivants qui ont livré des témoignages bouleversants sur la torture, les viols, l’esclavage sexuel, les massacres et la destruction de villages entiers». Autant de crimes reprochés à l’ancien président tchadien.Ayant dirigé le Tchad entre 1982 et 1990, Hissein Habré est jugé depuis le 20 juillet 2015 devant les Chambres africaines extraordinaires (CAE), à Dakar, pour «crimes de guerre, crimes contre l’humanité et tortures».

Par Ibrahima Diallo (Dakar, correspondance)
Le 27/05/2016 à 18h48