La reprise totale de Syrte par les forces pro-GNA, qui ont bénéficié de l'aide cruciale des frappes aériennes américaines, serait un grand revers pour le groupe jihadiste, déjà en grande difficulté dans les territoires qu'il contrôle en Syrie et en Irak.
L'opération militaire pour reprendre la ville, située sur la côte méditerranéenne à environ 450 km à l'est de la capitale Tripoli, avait été lancée en mai par les forces du GNA, l'exécutif reconnu par la communauté internationale.
Les forces pro-GNA étaient entrées le 9 juin dans la ville, mais leur offensive avait été ralentie par les snipers, les mines et les voitures piégées des jihadistes.
A partir du 1er août, aidées par des frappes américaines, elles avaient repris aux jihadistes de nombreux secteurs, dont le QG de l'EI dont les combattants s'étaient retranchés ces derniers jours dans le quartier N° 3 en bordure de mer.
"Les combats ont commencé. Nos forces attaquent les dernières positions de Daech" (acronyme arabe de l'EI) dans le quartier N°3, a indiqué à l'AFP un combattant pro-GNA.
"Nos forces avancent à l'intérieur des dernières poches (de résistance) où se cachent les derniers combattants de Daech dans le quartier N°3 et ont pris le contrôle de plusieurs positions", dont deux banques et un hôtel, a confirmé sur Facebook le centre de presse des forces loyales au GNA, qui a précisé qu'elles avaient également déjoué une attaque suicide à la voiture piégée.
Les forces du GNA avaient annoncé dimanche le début de "l'ultime bataille" pour reconquérir la totalité de Syrte.
Un photographe de l'AFP présent à Syrte a vu samedi des ambulances quitter la ville en direction de Misrata, une ville située à mi-chemin entre Syrte et Tripoli.
Les combats de samedi ont fait au moins un mort dans les rangs pro-GNA, selon l’hôpital central de cette ville, où est basé le commandement des forces pro-GNA.
Trouver un 'compromis'
Les forces loyalistes ont annoncé samedi avoir découvert dix corps de jihadistes dans une école alors qu'elles ratissaient le quartier N°1 qu'elles ont "libéré totalement" lundi.
Depuis le début de l'offensive sur Syrte le 12 mai, plus de 400 combattants loyalistes ont été tués et environ 2.500 blessés. Le bilan humain des combats au sein de l'EI n'est pas connu.
Profitant du chaos régnant en Libye depuis la chute du colonel Mouammar Kadhafi en 2011, avec des combats entre milices et une profonde instabilité politique, les jihadistes de l'EI s'étaient emparés en juin 2015 de Syrte, la ville natale de Kadhafi.
Si la reprise de Syrte serait un échec pour l'EI, elle n'écarterait pas d'un coup la menace jihadiste en Libye, avertissent des experts.
Avant l'offensive sur Syrte, des sources françaises et américaines faisaient état de 5.000 et 7.000 jihadistes de l'EI dans toute la Libye.
A la mi-août, le porte-parole adjoint du Pentagone, Gordon Trowbridge, estimait qu'il ne restait que "quelques centaines de jihadistes à Syrte" et à peine "1.000 à quelques milliers" dans toute le pays.
En cas de reprise de Syrte, le Premier ministre libyen Fayez al-Sarraj, qui s'est rendu mercredi dans la ville, enregistrerait un succès, bienvenu alors que le GNA peine à asseoir son autorité sur l'ensemble du pays.
Sa légitimité reste contestée par un exécutif parallèle dans l’est du pays, et le Parlement libyen, également basé dans l'est et proche de ce gouvernement rival, a refusé le 22 août de lui accorder sa confiance.
Le Parlement lui a cependant donné une "dernière chance" pour qu'il propose un nouveau cabinet.
Le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault a appelé vendredi M. Sarraj à trouver un "compromis" avec le Parlement.
"Pour éradiquer Daech, il lui faut désormais prendre le contrôle de toutes les institutions et de l'ensemble du territoire", a affirmé M. Ayrault.