Foulard africain: rébellion des jeunes filles noires contre leur lycée en Floride

Liu Montsho Kwayera, l'une des leaders du mouvement "Black Girls Wrap Wednesday", les filles noires sont en foulard le mercredi

Liu Montsho Kwayera, l'une des leaders du mouvement Black Girls Wrap Wednesday, les filles noires sont en foulard le mercredi. DR/ Les Observateurs-France24

Le 20/09/2016 à 11h46, mis à jour le 20/09/2016 à 12h05

Un lycée de Floride a eu la mauvaise idée d'interdire aux jeunes filles noires leur foulard africain. Un mouvement est né avec le soutien d'activistes panafricains. Résultat: les filles du lycée de Gibbs imposent le foulard tous les mercredis. Le mouvement fait des vagues.

Kiosque Le360 Afrique. On a eu droit à l’interdiction de coupe afro en Afrique du Sud, voilà celle du foulard africain en Floride. Comme pour le cas sud-africain qui avait été à l’origine d’une pétition et d’un tollé médiatique, en Floride, le mouvement Uhuru (Liberté en Swahili) s’est saisi de l’affaire après une plainte des jeunes filles. Un mouvement de résistance s’est organisé à travers des réseaux sociaux.

Selon une "observatrice" de France24, tout est parti de l’application trop stricte d'une décision du Lycée de Gibbs, à Saint Petersburg en Floride, interdisant les casquettes, bandanas et autres foulards. Ainsi, le 25 août, un groupe de jeunes filles a reçu l’injonction d’ôter le foulard noué à l’africaine sur leur tête. Presque spontanément, un mouvement de contestation est né. Le hashtag #BlakGirlsWrapWednesday (les filles noires mettent le foulard le mercredi) est créé.

Une question de culture africaine

Pour les filles, il s’agit d’une revendication de leur culture africaine et non d’un morceau de tissu pour s’identifier à un gang. Car, si les lycées ont prohibé les casquettes et bandana, c’est surtout parce que les gangs en ont fait un signe pour se reconnaître.

"Les gens voient ces foulards comme un accessoire, mais c’est bien plus que ça. Les femmes noires et africaines les portent depuis longtemps. Cela fait partie intégrante de notre culture et de notre héritage. Pour moi, en porter un, c’est embrasser cet héritage", revendique Liu Montsho Kwayera, l’une des leaders du mouvement de contestation.

De plus, le plus humiliant pour ces jeunes filles c’est que le lycée de Gibbs s’y est très mal pris pour appliquer sa mesure. "C’est un policier qui a demandé à la première victime d’enlever son foulard", explique-t-elle, avant d’ajouter que "voir qu’un policier pouvait intervenir sur ce sujet dans l’enceinte d’un lycée, c’était effrayant".

Gain de cause

C’est là qu’elle prend contact avec le mouvement Uhuru, mouvement panafricain de défense des intérêts économiques et sociaux des africains dans le monde et dont les bureaux sont à Saint Petersburg en Floride. La première manifestation organisée le 31 août a vu la participation de 6 filles. Elle a aussi suscité la réaction négative des responsables du lycée : envoi des participantes au bureau de la vie scolaire et convocation des parents. Depuis, grâce à l’intervention d’Uhuru, les filles peuvent porter le foulard et n’ont même plus besoin de l’autorisation de leurs parents. 

Le mouvement a fait des vagues. Des garçons africains, en soutien aux jeunes filles, se sont mis à porter le foulard les mercredis. Les autres lycées ont pris le train en marche. Et au niveau de Gibbs, un coin des toilettes est transformé en salon de coiffure pour aider les jeunes filles à mettre le foulard.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 20/09/2016 à 11h46, mis à jour le 20/09/2016 à 12h05