Jean de Dieu Mucyo, 55 ans, est mort des suites d'un accident survenu sur son lieu de travail. "En montant vers son bureau, il a glissé ou trébuché dans l'escalier", a déclaré à l'AFP Bernard Makuza, président du Sénat rwandais. "On l'a trouvé allongé sur le sol, on l'a immédiatement emmené à l'hôpital, mais il était trop tard".
J. Mucyo a successivement occupé les fonctions de ministre de la Justice (1999-2003), de procureur général du Rwanda (2003-2006) et de secrétaire exécutif de la Commission nationale de lutte contre le génocide (2008-2015) avant d'être nommé sénateur en mai 2015. Il a par ailleurs présidé la Commission "Mucyo", créée par le président Paul Kagame et chargée de "rassembler les preuves montrant l'implication de l'Etat français dans le génocide" de 1994. Ce dernier a fait environ 800.000 morts, selon l'ONU, essentiellement parmi la minorité tutsi.
Le courroux de la France
Dans un rapport publié en 2008, cette commission accuse la France d'avoir participé dès février 1992 à la formation des milices interahamwe (extrémistes hutu, fers de lance du génocide), et allègue que ses soldats ont pris part à des massacres et des viols, ce qui avait provoqué une vive condamnation de Paris. La France, qui au début des années 90 a aidé militairement le régime extrémiste hutu en butte à la rébellion tutsi du Front patriotique rwandais (FPR) menée par Paul Kagame depuis l'Ouganda voisin, a toujours nié toute implication.
Mais cette présence militaire française controversée a été reconnue "à la limite de l'engagement direct" par une commission d'enquête parlementaire française qui, en 1998, a conclu à des "erreurs d'appréciation" de la France au Rwanda. Malgré une réconciliation officielle en 2010, après une rupture totale des liens entre 2006 et 2009, les relations entre Paris et Kigali restent empoisonnées par des soupçons sur le rôle exact de la France dans le génocide rwandais.