Burkina Faso: majorité musulmane vs élite chrétienne, International Crisis Group tire la sonnette d'alarme

DR/ International Crisis Groupe

Le 08/10/2016 à 15h32, mis à jour le 08/10/2016 à 18h58

Au moment où le Sahel fait face à la montée de l'extrémisme, le Burkina Faso semble être un ilôt de tolérance religieuse. Mais, les musulmans trois plus nombreux que les chrétiens ne cachent plus leur frustration d'être absents des hautes sphères de l'Etat.

Aïssatou Compaoré est musulmane, mais elle compte dans ses familles plusieurs cousins ou cousines chrétiens. "Je ne compte surement pas me marier avec quelqu’un d’une autre confession", nous affirme-t-elle sur facebook, avant de se raviser par un "Dieu seul sait, ce que nous réserve l’avenir". Au Burkina Faso les mariages interreligieux sont ce qu’il y a de plus courant.

Qualifié "d’exception" par l’International Crisis groupe, ONG leader en matièe d'études sur les crises, le pays des Hommes intègres est aussi celui de "tolérance religieuse", toujours selon l’ONG. Selon le dernier recensement qui date d’il y a dix ans, 60% de la population burkinabé sont musulmans, rappelle International Crisis Groupe. Les chrétiens, catholiques et protestants, ne représentent pas plus de 24%, toujours selon les mêmes données officielles. Ceux qui se réclament de l’animisme, la religion traditionnelle, ne sont pas plus de 16%.

Risque de conflit religieux

C’est pourquoi International Crisis groupe prévient : "s’il reste solide, le modèle burkinabè de coexistence religieuse connait des tiraillements." En effet, beaucoup de responsables musulmans déplorent que "l’Etat ne traite pas toujours christianisme et islam équitablement". En effet, au sommet de l’Etat, il y a une très forte concentration de chrétien qui ont été les premiers à être formé dans l’école occidentale au moment où les musulmans continuaient à fréquenter les écoles coraniques. Même si les écoles Franco-arabes existent, leur enseignement n’est toujours pas valorisé et se borne essentiellement à donner des connaissances religieuses. Elles ne mènent leurs élèves que vers l’enseignement.

De plus, les troubles dans la sous-région pourraient bien contaminer le Burkina Faso l’impliquant, malgré lui, dans un conflit interreligieux. International Crisis groupe affirme qu’ouvrir "la question sensible de la religion dans un pays où elle est un marqueur d’identité secondaire comporte des risques". C’est malheureusement une option de laquelle, les autorités Burkinabè ne peuvent se soustraire. "Des mesures doivent être prises dès maintenant pour atténuer les frustrations et réguler le discours religieux afin de garantir la pérennité du modèle de coexistence pacifique".

Quelques recommandations d’International Crisis Groupe

1. Œuvrer à améliorer la représentation des musulmans au sein de l’élite politique et administrative sans tomber dans la dangereuse logique des quotas,

2. Prendre conscience des dangers liés à la mendicité et des perspectives limitées pour les milliers d’enfants issus des écoles coraniques, et dégager des ressources financières pour remédier à ces problèmes.

3. Revaloriser la langue arabe dans l’enseignement secondaire et supérieur, par exemple en proposant des cours d’arabe et en reconsidérant la création d’un département de langue arabe à l’Université de Ouagadougou.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 08/10/2016 à 15h32, mis à jour le 08/10/2016 à 18h58