Le président nigérian Muhammadu Buhari s'est dit "abattu", à l'annonce du nouvel attentat. "Toutes mes condoléances vont aux familles des victimes, et au gouvernement local de l'Etat du Borno", a-t-il écrit sur Twitter.
"Huit personnes ont été tuées et 15 blessés ont été emmenées à l'hôpital", a déclaré le porte-parole de l'Agence nationale de gestion des urgences (Nema), Ibrahim Abdulkadir, soulignant qu'une équipe était aussitôt arrivée sur les lieux.
L'attentat, qui n'a pas été revendiqué, s'est produit à la sortie de la capitale de l'Etat du Borno, berceau du groupe islamiste Boko Haram, a déclaré le porte-parole de la police locale, Victor Isuku, dans un communiqué.
"A 08h30 ce matin (mercredi), une bombe artisanale a explosé à bord d'une (voiture) Golf (...) qui transportait cinq personnes", selon le communiqué de la police. Une femme kamikaze serait à l'origine de l'explosion, a ajouté la police.
Le porte-parole de la Nema pour la région du nord-est, contacté par l'AFP, n'a pas confirmé ces informations: "Nous ne savons pas pour l'instant s'il s'agit d'un attentat-suicide ou d'une bombe qui avait été placée dans la voiture".
"Une voiture-taxi a tenté d'entrer dans la gare routière où les véhicules qui se rendent vers Dikwa et Gamboru-Ngala attendent une escorte militaire avant de prendre la route", a rapporté à l'AFP un membre des Civil JTF, la milice civile qui protège Maiduguri, présent non loin des lieux de l'attentat.
De la voiture de l'attentat, il ne rest que des morceaux de tôle verte compressés. Quelques passants, inquiets, se sont regroupés autour des équipes d'urgence, qui rassemblaient les restes de corps dans de grands sacs en plastique noir.
L'attentat a eu lieu à proximité d'un camp de déplacés de la ville, qui abrite environ 16.000 personnes.
Les travailleurs humanitaires estiment que 1,5 million de personnes se sont réfugiées à Maiduguri, depuis 2015, année où l'armée a commencé sa contre-offensive contre le groupe islamiste.
Malgré quelques attaques sporadiques, souvent perpétrées en périphérie, Maiduguri a réussi à retrouver une paix relative. Le dernier attentat dans la ville remonte à mars dernier: deux femmes s'étaient fait exploser dans une mosquée (22 morts et 18 blessés).
Fin janvier et début février, deux attentats contre des camps de déplacés avaient fait près de 150 morts, dont certains brûlés vifs.
Coupés du monde
Maiduguri est un îlot de stabilité précaire, dans une région totalement dévastée par sept ans de conflit. De larges zones de l'Etat du Borno restent inaccessibles et les rares routes ouvertes par l'armée nigériane ne sont praticables que sous escorte militaire.
Fin septembre, Médecins sans frontières (MSF) avait enfin pu accéder à Gamboru Ngala, ville à la frontière du nord du Cameroun, où l'ONG a constaté "une situation humanitaire désastreuse".
"Le 19 septembre, des équipes de MSF ont pu aller dans la ville de Ngala, où 80.000 personnes déplacées vivent dans un camp coupé du monde extérieur", avait alors déclaré l'ONG.
Pour l'expert en sécurité, Ryan Cummings (Institute for Security Studies), le lieu de l'attentat "démontre que (Boko Haram) souhaite entraver les efforts du gouvernement pour sécuriser les centres urbains dans le nord-est".
"Il sera intéressant de voir si cette dernière attaque sera revendiquée par le (groupe) Etat islamique (en Afrique de l'Ouest), ou par la faction d'Aboubakar Shekau", note M. Cummings.
En août, l'EI, à qui Boko Haram avait prêté allégeance en mars 2015, a nommé un nouveau chef à la tête du mouvement, Abou Mosab Al Barnaoui.
L'organisation mère, à travers ses nouveaux représentants au Nigeria, a fait entendre des critiques à l'encontre de Shekau, fustigeant notamment ses attaques sanglantes sur les populations musulmanes civiles dans la région du Lac Tchad.
L'insurrection de Boko Haram a fait au moins 20.000 morts et de 2,6 millions de déplacés depuis 2009.