Les services de secours camerounais étaient mobilisés samedi pour prendre en charge les centaines de blessés de la catastrophe ferroviaire qui a endeuillé le pays vendredi lorsqu'un train assurant la liaison Yaoundé-Douala a déraillé, faisant plus de 60 morts. A Yaoundé, où les morts sont transférés, "nous avons reçu entre 60 et 70 corps à la gare ce matin, ainsi qu'une cinquantaine de blessés", a déclaré samedi à l'AFP sous couvert d'anonymat un responsable de la compagnie ferroviaire, la Camrail. "Certains blessés arrivent inconscients. Nous redoutons que le bilan s'alourdisse", a-t-il ajouté.
A l'hôpital central de Yaoundé, les familles affluaient à la recherches de proches, ou de parents. "Les personnels des hôpitaux agissent avec diligence et efficacité. Nous ferons un bilan dès que nous maîtriserons l'ensemble de la situation", a déclaré à l'AFP le secrétaire d'Etat à la Santé, Alim Garga Hayatou, après avoir rendu visite à des blessés. "Il y a des Blancs, beaucoup de femmes et des bébés parmi les 29 corps que nous avons reçus", a expliqué à l'AFP un employé de la morgue de l'hôpital, sans pouvoir fournir de précisions sur les nationalités. Selon le ministère français des Affaires étrangères, un Français est mort dans l'accident.
La première personne, une femme, autorisée à entrer à la morgue en ressort en pleurs soutenue par deux hommes. "Elle a reconnu le corps de sa soeur", confie un proche. La jeune Fadimatou attend d'entrer à son tour. "Nous sommes sans nouvelles de notre soeur depuis hier (vendredi). Nous ne savons pas si elle est en vie ou pas. Hier, son téléphone sonnait, mais il ne sonne plus depuis ce matin. Son mari fait des recherches à Douala", explique-t-elle.
"Je suis là pour voir si le corps de mon bébé de quatre mois est à la morgue. Il est mort dans l'accident. Sa maman a été blessée", témoigne, effondré, Dam Njoya. A la morgue du quartier Ekounou, une liste de 24 noms a été affichée: 11 femmes, six hommes - dont un Ougandais- six bébés et un enfant.
Pronostics vitaux engagés
La grande majorité de blessés ont été évacués vers des hôpitaux de la métropole portuaire, Douala, selon des sources hospitalières. Selon le dernier bilan officiel communiqué vendredi soir par le ministre des Transports Edgar Alain Mebe Ngo'o, le déraillement du train Intercity Yaoundé-Douala aux abords de la gare d'Eseka, à 200 km à l'est de Yaoundé, a fait 55 morts et 575 blessés. De son côté, la radio-télévision d'Etat (CRTV) a souligné vendredi soir que "le pronostic vital de certains blessés était très engagé" ajoutant que "les causes de l'accident n'étaient pas encore élucidées".
Les accès aux deux gares étaient bloqués samedi par des policiers, qui en interdisaient l'entrée aux badauds et aux personnes venues se renseigner sur la reprise du trafic, ou s'enquérir d'un proche. Le train avait quitté la gare de la capitale aux environs de 11H00 (10H00 GMT) vendredi. Il a déraillé vers la mi-journée aux abord de la ville d'Eseka. La Camrail, filiale du groupe français Bolloré, a aussitôt envoyé sur place des équipes d'intervention et de sécurité. Le train était bondé suite à la coupure de la route Yaoundé-Douala après l'effondrement d'un pont dans la nuit de jeudi à vendredi, sous l'effet de la pluie, ce qui a encore compliqué l'intervention des secours.
La route - axe routier majeur en Afrique centrale - a été coupée dans les deux sens au niveau de Matomb, à 68 km de la capitale. La circulation a été rétablie samedi à la suite de travaux d'urgence, selon la CRTV. Face à cette situation, les voyageurs s'étaient rabattus en masse vendredi matin vers les gares de Douala et de Yaoundé, nombre d'entre eux n'ayant pas les moyens de prendre l'avion.