Des pirates somaliens ont libéré 26 otages détenus depuis près de cinq ans

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Le 23/10/2016 à 06h00, mis à jour le 23/10/2016 à 09h51

L'équipage du Naham 3 battant pavillon d'Oman avait été pris en otage en mars 2012 après une attaque de pirates somaliens au sud des Seychelles. Les 26 ex-otages libérés se trouvent dans la ville somalienne de Galkayo où se déroulent actuellement des combats entre factions opposées.

"Nous avons le grand plaisir d'annoncer la libération de l'équipage du Naham 3 tôt ce matin. Ils sont actuellement en sécurité entre les mains des autorités du Galmudug (centre de la Somalie) et seront rapatriés sous peu à bord d'un vol humanitaire de l'ONU et envoyés ensuite dans leurs pays respectifs", a déclaré dans un communiqué John Steed, coordonnateur des Partenaires de soutien aux otages (HSP), qui a aidé à négocier leur libération.

Le communiqué a été rendu public par l'organisation Oceans Beyond Piracy (OBP).

L'équipage du Naham 3 battant pavillon d'Oman avait été pris en otage en mars 2012 après une attaque de pirates au sud des Seychelles. Il s'agit de la deuxième captivité la plus longue aux mains de pirates somaliens.

Sauver les otages oubliés

Ancien colonel de l'armée britannique, John Steed, qui s'est donné pour mission de sauver "les otages oubliés", a déclaré à l'AFP que le retour dans leurs pays respectifs des otages se heurtait encore à un obstacle: les faire sortir de la ville de Galkayo, où des combats sont en cours entre les forces rivales des régions autoproclamées semi-autonomes du Puntland et du Galmudug.

"Il y a des combats au Galmudug et c'est donc très dangereux pour le moment. Ils sont en train d'échanger des tirs d'artillerie ce soir" (samedi). Nous irons sur place tôt demain matin (dimanche) si les combats cessent et les ramènerons à Nairobi pour un contrôle médical pour qu'ils puissent se laver".

Galkayo est divisée en deux parties par des clans antagonistes: l'une contrôlée par le Puntland et l'autre par le Galmudug. Les combats y ont fait au moins 11 morts et 50.000 déplacés dans le courant du mois d'octobre, avait annoncé le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) la semaine dernière.

Galkayo a déjà été le théâtre de fréquents affrontements entre clans ou groupes rivaux, qui sont toutefois distincts des rebelles islamistes shebab, liés à Al-Qaïda, lesquels s'opposent au gouvernement central somalien, soutenu par la communauté internationale.

Les anciens otages, qui viennent du Cambodge, de Chine, d'Indonésie, des Philippines, de Taïwan et du Vietnam, pourront ensuite être rapatriés pour retrouver leurs familles.

Conditions déplorables

"Ils ont passé plus de quatre ans et demi dans des conditions déplorables loin de leurs familles", a ajouté l'ancien colonel britannique.

Les ex-otages ont souffert de malnutrition et l'un d'entre eux avait une blessure par balle au pied. Un autre avait souffert d'une attaque et un 3e souffre de diabète.

Les pirates avaient d'abord pris 29 personnes en otage, mais une personne était morte pendant l'attaque et "deux ont succombé en raison de maladies" pendant leur captivité, selon un communiqué d'OBP.

Selon John Steed, les négociations ont duré dix-huit mois. Elles ont eu lieu avec des dirigeants tribaux et religieux. Le négociateur s'est refusé à donner des précisions sur les conditions de la libération des otages asiatiques.

Le chemin de la libération des otages a été semé de dangers et d'actes "d'héroïsme", a-t-il ajouté.

Le Naham 3 a coulé un an après sa capture par les pirates. "Les gars (l'équipage) ont ensuite été transportés à terre où ils sont restés depuis avec des pirates qui présentaient des exigences de plus en plus déraisonnables", a-t-il dit.

Les premiers bateaux de commerce victimes de pirates somaliens avaient été attaqués en 2005. Ces attaques étaient devenues un danger pour la navigation internationale.

Au plus fort de la crise en janvier 2011, les pirates détenaient 736 otages et 32 bateaux.

Il reste dix otages iraniens et trois Kényans (dont une femme très malade) entre les mains des pirates somaliens, selon John Steed.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 23/10/2016 à 06h00, mis à jour le 23/10/2016 à 09h51