Cet ex-officier de la garde présidentielle rwandaise, reconverti dans la police politique après l'accident qui l'a cloué dans un fauteuil roulant en 1986, comparaît en appel pour "complicité de génocide" et "complicité de crimes contre l'humanité".
Il y a deux ans, la cour d'assises de Paris l'avait condamné à 25 ans de réclusion criminelle pour génocide et complicité de crimes contre l'humanité.
L'accusation lui reproche d'avoir, à Kigali et dans sa région natale de Gisenyi (nord-ouest), organisé les barrages routiers au passage desquels étaient filtrés et exécutés les Tutsis, d'avoir donné des instructions et livré des armes aux miliciens Interahamwe qui tenaient ces barrages.
Tout au long de son premier procès, Simbikangwa, qui nie les faits, n'avait cessé de minimiser son rôle et sa compréhension des massacres à l'époque. Il avait ainsi répété à la stupéfaction générale n'avoir vu aucun cadavre pendant les 100 jours d'avril à juillet 1994, au cours desquels au moins 800.000 personnes, en majorité Tutsis ainsi que des Hutus modérés, ont été massacrées.
Depuis ce procès "historique", le tout premier en France d'un Rwandais pour le génocide de 1994, un deuxième a eu lieu, celui de deux anciens bourgmestres, Octavien Ngenzi et Tito Barahira. Ils ont été condamnés à perpétuité en mai 2016 pour leur participation au génocide et ont fait appel.
Pascal Simbikangwa, 56 ans, risque lui aussi la perpétuité lors de ce nouveau procès.
50 témoins, 32 jours d'audience
Ce procès hors-normes - 24 tomes de procédure, une cinquantaine de témoins - occupera pendant 32 jours l'une des deux cours d'assises de Bobigny. Certains témoins, emprisonnés au Rwanda, seront entendus par visioconférence.
Arrêté à Mayotte en 2008 pour trafic de faux papiers, Pascal Simbikangwa est jugé en France au titre de la "compétence universelle" qui permet à un Etat de poursuivre les auteurs des crimes les plus graves, quels que soient le lieu où il a été commis et la nationalité des auteurs ou des victimes.
En 2014, l'ex-capitaine avait été condamné pour les faits qui lui étaient reprochés à Kigali mais été acquitté ceux qui lui étaient imputés à Gisenyi, les témoignages "laissant présumer une certaine concertation entre eux peu compatible avec la vérité", selon la cour.
Un point capital pour ses avocats, Fabrice Epstein et Alexandra Bourgeot, qui avaient critiqué lors du premier procès un dossier reposant uniquement sur des témoignages, qu'ils s'étaient attachés à mettre en doute.
Ils avaient aussi dénoncé un "procès politique", qui tombait à pic, à quelques semaines du vingtième anniversaire d'un génocide dans lequel le rôle de la France a été très critiqué.
"Nous espérons que seuls les faits seront regardés lors ce deuxième procès", sans la "pression morale" qui avait accompagné les premières audiences, ont-ils dit à l'AFP. Comme en première instance, ils tenteront d'obtenir l'acquittement.